Lanvil, mégapole caribéenne, vitrine rutilante des diversités culturelles, havre pour tous les migrants du monde, est au centre de tous les regards.
À la pointe de la technologie, constellée d'écrans, la ville s'élève de plus en plus haut mais elle oublie les trames qui se tissent en son sein. Pat et sa bande de débouya vivent de magouilles et de braquages. Joe et Patson courent de galère en galère, poursuivis par les flics. Ézie et sa soeur Lonia, traductrices, infiltrent les hautes sphères des corpolitiques. Toutes et tous rêvent en secret de retrouver la terre de leurs ancêtres, le Tout-monde, enseveli quelque part sous le béton. Pour y parvenir, un seul chemin : faire tomber les murs entre l'anba et l'anwo, et renverser l'ordre établi.
Roman choral irrigué par une langue hybridée et vibrionnante, Tè mawon ouvre la voie à une science-fiction caribéenne francophone, inventive et décoloniale.
Vern est enceinte de sept mois et décide de s'échapper de la secte où elle a été élevée. Cachée dans une forêt, elle donne naissance à des jumeaux, et prévoit de les élever loin de l'influence du monde extérieur.
Mais, même dans la forêt, Vern reste une proie. Forcée de se battre contre la communauté qui refuse son départ, elle montre une brutalité terrifiante, résultat de changements inexplicables et étranges que son corps traverse.
Pour comprendre sa métamorphose et protéger sa petite famille, Vern doit affronter le passé et l'avenir. Trouver la vérité signifiera découvrir les secrets du culte qu'elle a fui, mais aussi l'histoire violente de Amérique qui l'a produit.
World Fantasy Award.
Prix Imaginales.
Prix Lucioles Imaginaire 2017.
Dans une Afrique post-apocalyptique, la guerre continue de faire rage. Enfant du viol, rejetée par les siens du fait de sa peau et ses cheveux couleur de sable, Onyesonwu porte en elle autant de colère que d'espoir. Seule sa mère ne semble pas étonnée lorsqu'elle se met à développer les prémices d'une magie unique et puissante.
Lors de l'un de ses voyages dans le monde des esprits, elle se rend compte qu'une terrible force cherche à lui nuire. Pour en triompher, elle devra affronter son destin, sa nature, la tradition et comprendre enfin le nom que sa mère lui a donné : Qui a peur de la mort.
Lauréat du World Fantasy Award et du Prix Imaginales, Qui a peur de la mort ? est actuellement en cours d'adaptation pour HBO.
« Loyale et héroïque, Onyesonwu n'en est pas moins impétueuse et en colère. C'est un personnage féminin complexe, puissant et imparfait ».
Nnedi OKORAFOR
Le roman phénomène finaliste des prix Hugo, Locus et Nebula. Lauréat du World Fantasy Award 2021 et New England Book Award for Fiction 2020.
Ella a un don.
Quand elle regarde un enfant, et avant que son nez ne se mette à saigner, elle sait s'il va devenir infirmier en gériatrie où s'il va mourir avant l'âge de onze ans, étendu sur un trottoir, les yeux vers le ciel, fauché par l'incompréhensible guerre des gangs qui ensanglante son quartier depuis toujours.
Pirus, Crips, Bloods...la violence a tant de noms à Compton.
Quand Kevin, son frère, voit le jour en 1992, pendant les émeutes provoquées par l'acquittement des policiers impliqués dans l'affaire Rodney King, Ella sait déjà que sa famille va déménager de la Californie pour Harlem et qu'elle tiendra bientôt dans sa main sa première boule de neige. Mais quitter l'endroit d'où l'on vient ne permet pas toujours d'échapper à la violence et à l'injustice.
Ella a un don ; pour elle, pour Kevin, pour l'Amérique, sans doute le temps est-il venu de l'utiliser.
Face au mal qui se répand dans une Amérique marquée par la Première Guerre mondiale et déchirée par le racisme et la ségrégation hérités de la guerre de Sécession, Maryse Boudreaux combat les monstres qu'elle appelle des « Ku Kluxes », armée d'une épée ensorcelée capable de canaliser la magie des dieux africains ancestraux à travers les chants vibrants de colère et de souffrance des esclaves morts. Secondée par Cordelia Lawrence, alias Chef, vétérane de la Grande Guerre férue d'explosifs, et Sadie, une métisse virtuose de la gâchette venue d'Alabama, Maryse s'emploie avec succès à combattre ces aberrations.
Jusqu'à l'arrivée de leur général, Clyde le Boucher.
Non content de continuer à propager le mal en profitant de la haine des suprémacistes, la créature multiple cachée derrière une façade humaine tente de corrompre Maryse et d'invoquer une monstruosité suprême (qui n'est pas sans rappeler les Grands Anciens de Lovecraft). La jeune femme devra louvoyer entre cauchemars et réalités, afin de trouver l'appui nécessaire pour vaincre ses démons intérieurs tout autant que les Ku Kluxes.
Ce roman court évoque avec douleur les atrocités infligées par l'esclavage, la haine et le racisme.
Dans cette fresque linguistique et culturelle, à la fois immersive et érudite, P. Djèlí Clark donne la parole aux communautés afro-américaines, et notamment gullahgeechee.
Malgré l'horreur - réelle ou fantastique -, les personnages ne cèdent jamais au fatalisme. L'espoir, infusé par la lutte, est le ciment de l'amour que se portent ces femmes.
À seulement seize ans, Myriam est chargée d'écrire le livre de la Vérité qui manque à sa communauté de survivants de l'apocalypse. Elle n'a plus accès qu'à quelques ouvrages en lambeaux et à des récits oraux conservés tant bien que mal. Qu'à cela ne tienne, elle remplit sa mission.
Puisant à toutes les sources, de la chute de Lucifer aux chaussons de Cendrillon, en passant par Le Lac des cygnes et les pérégrinations d'oedipe, elle trace des démarcations nouvelles entre le mensonge et la vérité.
L'Évangile selon Myriam propose une relecture drôle et incisive de nos évidences présentes et nous invite à en interroger la construction.
LES TAMBOURS DU DIEU NOIR.
À La Nouvelle-Orléans, devenue un territoire neutre cerné par une guerre de Sécession interminable, Jacqueline ne rêve que d'une chose : laisser derrière elle sa vie de pickpocket afin d'explorer le monde à bord d'un dirigeable. Pour cela, l'adolescente doit gagner la confiance de la capitaine Ann-Marie St Augustine, une contrebandière créole. En guise de monnaie d'échange, Jacqueline détient une information capitale : des confédérés cherchent à acheter une arme mystérieuse et dévastatrice appelée les « Tambours du dieu noir » auprès d'un scientifique haïtien.
Jacqueline, Ann-Marie et l'équipage de son dirigeable embarquent dans une mission périlleuse visant à récupérer les Tambours du dieu noir et à empêcher l'annihilation de La Nouvelle-Orléans.
Dans cette uchronie qui imagine une Nouvelle-Orléans indépendante, des Caraïbes autonomes et des États-Unis démantelés, P. Djélì Clark nous entraîne dans une intrigue palpitante au coeur du bayou, où s'affrontent tant les intérêts politiques que les desseins personnels. Les personnages féminins dominent au sein de la multiplicité des cultures qui cohabitaient - et cohabitent encore - dans cette contrée forgée au fil des brassages de populations.
L'étrange affaire du djinn du Caire.
Posons tout d'abord le décor : au XIXe siècle, l'alchimiste et mystique al-Jahiz bouleverse l'histoire de l'Égypte en ouvrant une brèche vers le royaume des djinns, permettant ainsi à la magie de se frayer un chemin dans notre monde.
Grâce à ces créatures mythiques et à leurs merveilles mécaniques, l'Égypte parvient à gagner son indépendance, à chasser les colons britanniques et français de son territoire et à s'imposer parmi les puissances de premier plan.
La nouvelle débute au Caire - désormais une plaque tournante sillonnée de dirigeables et de tramways aériens - en 1912. L'agente spéciale Fatma el-Sha'arawi, missionnée par le ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, doit mener une enquête délicate : on a retrouvé le cadavre d'un djinn majeur parmi les plus puissants des immortels. Tout porte à croire qu'il se serait suicidé, mais Fatma, suivant son instinct, refuse de s'en tenir à cette conclusion et finit par mettre au jour une machination de grande ampleur orchestrée par un Ange, une de ces étranges créatures surgies à la suite des djinns et dont nul ne sait rien.
À travers son uchronie aux subtiles nuances steampunk et lovecraftiennes, P. Djélì Clark donne la parole à une Égypte forte de son héritage mythologique et de son folklore ancestral.
Le Caire, 1912. Vêtue d'un complet trois pièces - un ensemble blanc du plus bel effet sur sa peau cuivrée -, Fatma lisse sa cravate couleur d'or en veillant à exhiber les boutons de manchette scintillant aux poignets de sa chemise bleu nuit. Puis elle pose son chapeau melon sur sa courte crinière bouclée.
Oui, Fatma el-Sha'arawi est une redoutable sapeuse. C'est aussi une énergique et compétente enquêtrice du ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles. Et la voici en charge de l'assassinat collectif de la Fraternité d'al-Jahiz par un inconnu qui se prétend... al-Jahiz lui-même, le puissant mystique qui a ouvert la porte de l'Égypte à la magie et aux djinns cinquante ans plus tôt.
Imposture ? Ça ne fait aucun doute pour Fatma. Mais encore faut-il identifier et traquer ce mystérieux terroriste que des pouvoirs inouïs rendent, semble-t-il, invulnérable. Une enquête à tiroirs à l'issue de quoi on dirait bien que notre héroïne devra encore sauver le monde.
Avec Maître des Djinns, Phenderson Djèlí Clark signe son premier roman et nous entraîne au coeur d'une Égypte uchronique flamboyante.
Une novella où nous retrouvons cette Égypte émancipée du début du XXe siècle, où les hommes côtoient la magie et les djinns, qui est aussi le théâtre de L'Étrange Affaire du djinn du Caire (paru en avril 2021).
Qui dit nouvelle histoire, dit nouvelle enquête et nouveaux agents du ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles. L'agent Hamed Nasr et son partenaire fraîchement sorti de l'académie, l'agent Onsi Youssef, sont chargés d'un banal cas d'apparitions. Pas d'une maison hantée cette fois-ci, mais d'un tramway...
Et la créature, qui prend tantôt les traits d'une fillette innocente, tantôt ceux d'une monstrueuse harpie, leur tient tête. Aux prises avec les luttes de pouvoir administratives, les batailles de financements et le manque de budget, Hamed et Onsi vont recevoir une aide insoupçonnée :
Celle d'une étrange serveuse nubienne dénommée Abla (répondant aussi au doux nom de Siti...), mais aussi d'une cheikha assistée d'une automate hors du commun, ainsi que d'une vieille marchande de poupées, qui leur apprendront chacune à dépasser leurs préjugés et leur montreront que la clef de leur enquête se trouve dans les légendes et la magie populaires.
Dans son récit, Clark s'appuie sur la culture égyptienne et sur la dualité réelle qui existe entre ville et campagne, entre tradition et modernité encore aujourd'hui. Hamed et Onsi en sont d'ailleurs les incarnations, l'un représentant plutôt la tradition, l'expérience, un certain archaïsme de pensée, malgré une volonté d'évolution, et l'autre illustrant la fougue un peu naïve d'une jeunesse lettrée.
Grâce à des personnages féminins forts et à un arrièreplan de revendication sociale et politique avec la lutte des suffragettes, l'auteur interroge sur la place de la femme et sur sa représentation mentale dans la société. Il remet en question - ouvertement quoique avec finesse - un patriarcat finalement mis en échec. La solution vient des femmes et de leur savoir - de leur magie ? - qu'on aurait tort de négliger.
Lors du commerce triangulaire, quand une femme tombait enceinte sur un vaisseau négrier, elle était jetée à l'eau. Mais toutes ces femmes ne sont pas mortes, et celles qui ont survécu se sont adaptées à leur environnement et ont fondé une nouvelle civilisation au fond des mers. Depuis, les sirènes ont oublié cette histoire traumatique.
Un jour, l'une d'entre elles, Yetu, va leur rendre la mémoire...
Phoenix a grandi et a grandi parmi d'autres expériences génétiques dans la tour 7 de New York. C'est une "femme accélérée". Elle est née il y a seulement deux ans mais elle a déjà le corps et l'esprit d'un adulte et des capacités qui dépassent de loin celles d'un humain normal. Eloignée du monde, elle se contente de vivre dans sa chambre en lisant des livres électroniques, en faisant du sport et en profitant de l'amour de Saeed, un autre humain biologiquement modifié. Mais celui ci est témoin un soir de quelque chose de si terrible qu'il se suicide. Dévastée par sa mort et le refus de la tour 7 de répondre à ses questions, Phoenix commence enfin à se rendre compte que sa maison est une prison...
Son évasion n'est que le début d'une histoire qui la conduira des Etats Unis au coeur de l'Afrique.
Publié en 2013, Nnedi Okorafor a imaginé ce roman comme un préquelle indépendant de Qui a peur de la mort ? Acclamé à sa sortie il a été finaliste des prix Campbell et Arthur C.Clarke et reçu en Allemagne le prix Kurd Laßwitz du meilleur roman étranger.