Bouger les lignes : quand la BD sort du cadre
Simon, un jeune anglais de 14 ans un peu rondouillard, est constamment l'objet de moqueries de la part des jeunes de son quartier, et il est recruté pour toutes sortes de corvées. Un jour où il fait les courses pour une diseuse de bonne aventure, celle-ci lui révèle quels vont être les gagnants de la prestigieuse course de chevaux du Royal Ascot. Simon mise alors secrètement toutes les économies de son père sur un seul cheval, et gagne plus de 16 millions de livres. Mais quand il revient chez lui, Simon trouve sa mère dans le coma et la police lui annonce que son père a disparu. Étant mineur, Simon ne peut pas encaisser son ticket de pari. Pour ce faire, et pour découvrir ce qui est arrivé à sa mère, il doit absolument retrouver son père. Au terme d'une aventure riche en péripéties et en surprises, Simon, l'éternel perdant, deviendra un gamin très débrouillard.
La couleur des choses de l'auteur suisse Martin Panchaud bouscule les habitudes des lecteurs et lectrices de bandes dessinées ; le livre est intégralement dessiné en vue plongeante sans perspective et tous les personnages sont représentés sous forme de cercles de couleurs. La couleur des choses oscille entre comédie et polar avec une technique graphique surprenante, mêlant architecture, infographies et pictogrammes à foison, qui font de ce roman très graphique un livre étonnant et captivant.
Un mystérieux personnage se trouve dans une petite pièce, avec pour seul mobilier un lit, un tapis et une bibliothèque pleine de bandes dessinées dont il entreprend la lecture. À mesure qu'il passe d'un ouvrage à l'autre, les styles de dessin et les histoires se succèdent, nous plongeant dans différents univers graphiques et narratifs. L'atmosphère se fait de plus en plus inquiétante, d'autant que certains livres semblent contenir des messages secrets...
Après 99 exercices de style, Matt Madden se livre ici à un nouvel exercice d'influence oubapienne, nous proposant un méta-récit truffé de références aux mondes de la bande dessinée et de la littérature. Ex-libris rend ainsi hommage à des auteurs comme Jorge Luis Borges, Julio Cortázar, Vladimir Nabokov ou encore Italo Calvino dont la nouvelle Si par une nuit d'hiver un voyageur a d'ailleurs inspiré ce livre. Matt Madden signe avec Ex-libris une bande dessinée labyrinthique qui se joue des frontières entre le réel et l'imaginaire.
Pas très commode de se retrouver en vacances sans ses affaires...
Océan Express débute avec un infortuné échange de bagages sur le quai d'une gare : ce n'est qu'arrivés à destination qu'Adèle et Julien se rendent compte de leur erreur. Qu'il en soit ainsi, ils vont tenter de profiter de leur séjour tout en s'efforçant de mettre la main sur la valise échangée.
Servi par une ingénieuse narration en miroir, Océan Express nous permet de suivre simultanément les aventures d'Adèle (sur la page de gauche) et de Julien (sur la page de droite). Les compositions des pages se répondent tandis que les mésaventures et chassés-croisés du duo forment une chorégraphie aussi loufoque que savoureuse.
Une chasse au trésor surréaliste dans une ville rendue mutante par la pollution. Inspiré d'un fait réel.Centralia est une ville fantôme, surchauffée depuis des années par des incendies de mines souterrains, et occupée par des troupes d'envahisseurs : les nasiques. Quelques habitants survivent dans cette étrange cité, et subissent des mutations causées par des vapeurs toxiques. Mais les lieux abriteraient également un fabuleux trésor !Un groupe aussi décidé qu'hétéroclite se met en quête du magot, chacun pour ses raisons, et arpente les rues et les airs de la dangereuse métropole. Afin de devenir riches, nos héros devront survivre à la température étouffante, aux vapeurs toxiques et aux attaques des nasiques, sans compter les imprévus du voyage...
Adam ! La première information qui lui soit donnée lorsqu'il reprend conscience est un prénom. Son prénom ? Il tente de s'exprimer mais personne ne l'entend. Et qui sont ces gens ? Des médecins, des policiers, son épouse ? Dans ce noir intense, son esprit s'endort et se réveille à intervalle... régulier ? Une image floue se forme à l'évocation d'un mot : l'Eclipse. Il faut qu'elle se précise encore...
« En vingt-cinq ans, je n'ai été vu de personne. J'ai vécu caché dans cette forêt, mais pas comme un homme des bois. »Un homme délaisse sa vie du jour au lendemain. Sans préméditation, il s'enfonce dans une forêt pour y disparaître. Il y restera 25 ans, vivant de ce que lui offre la nature et de menus larcins dans les cabanes avoisinantes. À rebours de la conventionnelle aventure épique en milieu naturel, il fait l'étrange récit introspectif de son invisibilisation. Sa confession, rythmée de paysages tantôt naturalistes, tantôt mentaux, dessine des pistes et un portrait invisibles à ceux qui le traquent mais qui transparaîtra au fil des cases.Xavier Mussat poursuit son travail sur l'exercice de la mémoire. Il s'inspire de l'histoire vraie de l'Américain Christopher Knight, qui n'adressa la parole à aucun être humain pendant près de trois décennies. Il détaille la découverte du monde sauvage et incarne la voix de cet homme qui a choisi de s'effacer aux autres. Un livre magnifique entre passé et futur. Figuration et abstraction. Libération
En 2016, Valentine Cuny-Le Callet entame une correspondance avec Renaldo McGirth, condamné à mort, incarcéré depuis plus de 10 ans en Floride. Au fil de leurs lettres, des images qu'ils s'échangent, des rares visites, naît le récit graphique de leurs vies parallèles. Le livre questionne avec une intense émotion la brutalité d'un système carcéral, et l'amitié qui surgit, depuis une cellule de 5m2.
Tout commence un après-midi de mars. Alors qu'elle boit un café avec sa tante qui l'assaille de questions sur son devenir, Sarah est soudainement envahie par des visions de bords de mer et une voix qui l'appelle si fort qu'elle décide de partir précipitamment et suivre ces images qui la traversent.
Dans cette course hallucinée où les frontières entre réalité et imaginaire ont cessé d'exister et où se bousculent gratte-ciel et moulins, voitures et épées de chevalier, robots guerriers et vautours bavards, la voix intérieure de Sarah entraîne le lecteur dans une quête philosophique effrénée pour comprendre son utilité sur Terre et le sens de la vie.
Cet univers fantastique à mi-chemin entre La Course au mouton sauvage de Murakami et la douceur du Château ambulant de Miyazaki, prend forme sous la plume acérée de Valentin Giuili, jeune auteur de 23 ans dont le brio étourdissant, qui évoque parfois le Berserk de Miura, ne laissera personne indifférent.
Mis au ban de son royaume, le chevalier Malavalle se retrouve à errer par monts et par vaux, à la recherche d'une raison d'être. Au bord du désespoir, un petit West Highland Terrier croise son chemin et Malavalle décide de le raccompagner jusqu'à sa maîtresse, dame Dégricourt.
À sa rencontre, Malavalle est subjugué par cette jeune noble qui vit mystérieusement recluse et entourée de chiens.
Première bande dessinée sur lequel Ugo Bienvenu est uniquement scénariste, Malavalle est porté par Josselin Facon. Le jeune dessinateur y livre une réinterprétation de la ligne claire particulièrement épurée dans un dessin conçu en niveaux de bleus.
#conte #medieval #chevalerie #sorcellerie #chiens.
Renata est une jeune fille mal dans sa peau. Depuis quelques temps, elle ressent d'étranges frissons qui se révèlent être une sorte de pouvoir : elle pressent les menaces. Malgré ce don, elle n'a pas pu prévenir le vol de son ordinateur. Au hasard d'une soirée, elle retrouve les voleurs mais les deux compères ne lui rendent pas de suite son précieux bien : commence alors à se tisser une relation étrange entre eux, mélangée de chantage et de mise en confiance. Une aventure entre marginaux qui, chacun à leur manière, cherchent leur place.
Comme un frisson a la puissance ultraviolente de la jeunesse, que ce soit dans sa révolte, ses travers, doutes et peurs, ou dans sa capacité à faire face et acquérir son autonomie, quitte à puiser au plus profond d'elle-même.
Maine, années 1980. Une galerie de personnages hauts en couleur habite autour d'une baie calme et préservée. M. Jones, magnat du pétrole qui projette d'y implanter une raffinerie, est assassiné par un avion télécommandé lors d'une partie de pêche. Qui a tué Jones ? M. Kane, le paysan du cru qui voit les nouveaux arrivants d'un mauvais oeil ? Valérie, l'ancienne fille de joie reconvertie dans le jardinage, mais également un peu sorcière ? Joe McLoon, le desperado retranché, entouré de motos, d'armes et de maîtresses ? Ou encore Steve Goodrich, l'acteur hollywoodien à la retraite pour qui le monde est un plateau de tournage ? Les suspects ne manquent pas et chacun a son mobile. Soumis au regard scrutateur et aux pouvoirs psychiques de l'inspecteur Jim Brady, chacun à son tour va révéler les secrets de son inconscient, permettant au lecteur d'assembler les différents morceaux de l'intrigue.
Fruit d'une collaboration entre Paul Kirchner et l'auteur de polars néerlandais Janwillem Van de Wetering, Meurtre télécommandé est initialement publié aux États-Unis en 1986 et reste à ce jour le seul récit long du créateur du bus et de Dope Rider. Le scénario, écrit sur mesure, dissèque l'âme américaine et met au jour ses tiraillements et ses contradictions. Il permet aussi à Paul Kirchner de donner corps aux visions de Jim Brady via des séquences hallucinatoires déclinées dans de spectaculaires splash pages. Elles nimbent l'enquête d'une atmosphère mystérieuse qui n'est pas sans évoquer la série télévisée Twin Peaks, sortie quelques années plus tard.
" Mais... Manel Naher, c'est moi ! " Qui est donc cette autre Manel Naher, qui fait la Une des journaux ? Elle fait de l'ombre à Manel Naher, la vraie Manel Naher, l'héroïne de cette histoire ! Elle ne se rend pas compte qu'elle la met en danger, la vraie Manel Naher, en ayant tout ce succès ? Vous comprenez, si tout le monde se met à penser à cette Manel Naher qui devient célèbre, au lieu de penser à Manel Naher, qui passe ses journées au fond d'une petite librairie...
Eh bien : on risque de l'oublier, notre Manel. Et dans ce monde, si l'on ne pense plus à vous, alors vous mourrez, tout simplement. Penser à quelqu'un, c'est lui donner de la Présence. L'horizon, ici, est barré par les milliers de noms qui s'affichent de toutes parts, et les mendiants ne quémandent qu'une seconde d'attention... Survivre pour certains, devenir Immortel pour d'autres : c'est la Présence qui fait tourner cette ville tentaculaire.
Manel, elle, tournerait volontiers le dos à tout ça ; mais là-bas, au delà des grattes-ciel, il n'y a que le Grand Vide, d'où personne n'est jamais revenu... Léa Murawiec met ici son dessin virtuose au service d'un récit riche et lumineux, au rythme bouillonnant. Son talent et sa maîtrise illuminent ce premier livre enthousiasmant, et on se laisse avec bonheur emporter dans ce Grand Vide !
Dans son Nebraska natal, Rusty, victime des petites frappes de son école, s'évade en collectionnant les figurines de super héros. Lorsque Chalky White arrive dans son école, les deux enfants très proches se lient d'amitié. La première partie d'un récit choral vertigineux qui retrace la vie de multiples personnages émouvants et pathétiques...
Une terre d'accueil pour des bandes dessinées venues d'autres horizons. A savourer dans des versions françaises particulièrement soignées.
Pinocchio narre les (mes)aventures de la celebre marionnette, revues et corrigees par ce bon petit diable de Winshluss. La trame est la meme que dans le roman de Collodi, cependant lfintrigue est modernisee. Avec Winshluss, le pantin de bois devient un simple androide concu par un ingenieur en mal de reconnaissance. Tandis que á le grillon qui parle â (ici un cafard ) connait un sort plus enviable que celui du roman, puisqufil sfagit dfun SDF qui trouve a squatter dans la boite cranienne du petit robot.
Toute la force du travail de lfauteur reside dans son traitement graphique€ : outre un dessin tres expressif, Winshluss fait preuve dfune maitrise insolente du recit muet. Ce livre imposant, prouve que Winshluss est un des auteurs de bande dessinee les plus virtuoses de sa generation.
Dans la plus belle ville du plus beau pays, princes et princesses d'Europe sont en quête d'émerveillement, de salut et de gloire. Les néons de Brecht Evens se fondent dans les illusions de ses héros. Ils sont dans la fleur de l'âge... et c'est une nuit d'été. (Nouvelle édition)