L'éthique du care, développée par la psychologue Carol Gilligan, permet de renouveler la question éthique du lien social. Elle a marqué un tournant dans l'Amérique des années 1980, au sein des champs universitaire et politique comme dans le monde professionnel. C. Gilligan invite à prendre en compte la manière dont les individus se préoccupent et s'occupent à la fois d'eux-mêmes et des autres. Elle offre une conception éthique qui n'est limitée ni à l'impartialité, ni à des principes abstraits de justice. Féministe, le care articule également l'éthique et le politique, au-delà des questions de genre, en ébranlant la dévalorisation traditionnelle des activités sociales tournées vers le soin. C'est ainsi à une meilleure prise en compte de la texture morale des relations humaines que nous invite l'éthique du care. Ouvrage coordonné par Vanessa Nurock, maître de conférences à l'Université Montpellier III. Elle est notamment l'auteur de Rawls, pour une démocratie juste (éditions Michalon).
Avec les contributions de Carol Gilligan, Sandra Laugier, Catherine Larrère, Pascale Molinier, Vanessa Nurock, Patricia Paperman, Sophie Richardot et Marie- Françoise Vermunt, Frédéric Worms.
L'oeuvre de John Rawls (1921-2002) a marqué un tournant dans la pensée contemporaine et se trouve aujourd'hui au centre des débats portant sur les conditions d'une démocratie juste. Elle propose une théorie de l'équité démocratique prenant en compte les conditions réelles de sa réalisation sans pour autant transiger sur les principes moraux et politiques. Mais plus encore, elle constitue un classique dans les débats actuels, tant en philosophie morale et politique qu'en droit ou en économie sur les questions liées à la justice sociale et à la structure de la démocratie.
Comment faisons-nous pour juger moralement ? Ces questions ne sont certes pas nouvelles, mais il est probable que nous ayons aujourd'hui les moyens de les poser à nouveaux frais, à condition d'évaluer à la fois les limites et les possibilités ouvertes par une interaction féconde entre la philosophie et certaines sciences empiriques, au premier rang desquelles la psychologie et les sciences cognitives.
Cet ouvrage ouvre un champ de perspectives large, qui va de la philosophie morale classique à des interrogations pratiques aiguës dans le monde contemporain concernant notamment l'éthique animale, la définition des troubles pathologiques moraux, mais aussi les transformations que nous pouvons faire subir à nos conceptions morales.
Vanessa Nurock est membre de l'équipe de recherches Philosophies Contemporaines (Université Paris I Panthéon-Sorbonne) et maître de conférences en éthique au département de philosophie de l'Université Montpellier III.
La pandémie de COVID-19 témoigne à vif comment, dans nos sociétés modernes, les liens sociaux ont été fragilisés en mettant à nu la vulnérabilité de tous, de chacun et chacune. Nous avons aussi découvert collectivement comment le care, entendu dans l'un de ses sens, celui du prendre soin, était au coeur de tous nos liens sociaux et qu'il tissait la trame de notre société. Tout à coup, certains travailleurs essentiels, qui étaient souvent des travailleuses essentielles, sont devenues visibles et, parfois, reconnues. De nombreuses personnes, en revanche, se sont retrouvées dans des situations d'extrême vulnérabilité. Certaines institutions essentielles se sont avérées fragiles ou dysfonctionnelles. Pour faire face à ces ébranlements sociaux profonds, les gouvernements occidentaux se sont souvent tournés vers un techno-solutionnisme numérique et ils ont fait usage d'une rhétorique guerrière se voulant mobilisatrice.
Cet ouvrage explore les facettes de ces vulnérabilités individuelle, collective et institutionnelle qui se sont manifestées pendant la pandémie. Il met en évidence comment le care, qui ne se limite pas à sa dimension de prendre soin, est à la fois ce qui nous a permis de tenir ensemble, mais aussi ce à quoi nous tenons. Les textes réunis interrogent à partir de la théorie du care différents enjeux cruciaux de la pandémie, en particulier, la crise de la responsabilité et de la démocratie, l'invisibilité du travail des femmes et des immigrants et immigrantes, la gestion des risques et les solutions numériques, le prendre soin face à la mort, la résilience collective.