Des Equateurs|Éditions des Équateurs
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L'été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C'est dommage : les yeux de l'homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XIIe siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : « C'est bien curieux les hommes... Depuis la mort des fées, ils n'y voient plus du tout et ne s'en doutent point. » Le mot fée signifie autre chose. C'est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle de l'immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées.
Elles apparaissent parce qu'on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d'une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement.
Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l'île de Man, de l'Irlande et de l'Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j'allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux.
Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d'y voir. Je partais. Avec les fées. -
Ce périple, les trois jeunes gens l'ont entrepris au mépris du danger, au péril de leur vie, et malgré les supplications de leurs fiancées respectives. Ils l'ont fait pour le rayonnement de la France, le progrès de la science et aussi un peu pour passer le temps.
Il en résulte un roman d'aventure avec de l'action à l'intérieur et aussi des temps calmes et du passé simple. Ceci est une expérience de lecture immersive. Hormis deux ou trois passages inquiétants, le suspense y est supportable et l'oeuvre reste accessible au public poitrinaire. A noter la présence de nombreux adverbes.
L'éditeur ne saurait être tenu responsable des mauvaises idées que ce livre ne manquera pas d'instiller dans le cerveau vicié des nouvelles générations gavées d'écran et pourries à la moelle. -
Après Roman Fleuve et Roman de Gare, Philibert Humm, poursuivant toujours ses rêves de fortune et de gloire, s'attèle à un nouveau genre : le roman policier. Avec son ami Vincent, qui physiquement ressemble énormément au comédien Vincent Dedienne pour la raison que c'est lui, ils partent enquêter sur une drôle affaire, une affaire à ce jour irrésolue et dont ils viendront à bout en huit jours.
Un fait divers défraie les chroniques. Les médias s'emparent de l'affaire mais l'enquête de police patine et les journalistes locaux n'arrivent à rien.
Deux types auxquels on n'a rien demandé décident de s'en mêler. A voir leur détermination, on comprend vite que le coupable n'en a plus pour très longtemps.
Le récit authentique d'une enquête véritable. Un roman policier sans policiers.
Il va de soi que tout cela est vrai. Il va de soi que vous n'êtes pas tenus de le croire. Pensez que j'invente si ça vous chante. Je n'en ferai pas une affaire. -
Petit traité sur l'immensité du monde
Sylvain Tesson
- Éditions des Équateurs
- Litterature
- 9 Juin 2005
- 9782849900215
Pour ralentir la fuite du temps, sylvain tesson parcourt le monde à pied, à cheval, à vélo ou en canot.
Dans les steppes d'asie centrale, au tibet, dans les forêts françaises ou à paris, il marche, chevauche, mais escalade aussi les monuments à mains nues. pour mieux embrasser la terre, il passe une nuit au sommet de notre-dame de paris, bivouaque dans un arbre ou sous un pont, recourt aux cabanes. cet amoureux des reliefs poursuit le merveilleux et l'enchantement. dans nos sociétés de communication, sylvain tesson en appelle à un nouveau nomadisme, à un vagabondage joyeux.
Ce petit traité sur l'immensité du monde est un précis de désobéissance naturaliste, une philosophie de poche buissonnière, un récit romantique contre l'ordre établi.
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2 janvier 1949, dix-huit footballeurs du bourg de Corps-Nuds, en Bretagne, revenant d'un match, trouvent la mort dans un accident. Cette tragédie a marqué la France entière et pesé sur la jeunesse de Jean-Paul Kauffmann, enfant du même village. Ce fait-divers est le point de départ d'une enquête sur les distorsions de la mémoire.
Comment cet accident annonce-t-il la journée du 22 mai où Jean-Paul Kauffmann sera enlevé à Beyrouth et détenu en otage durant trois années ?
La boulangerie paternelle, une étrange église, l'odeur d'un monde rural disparu... Après l'accident libanais, ce récit sur l'inexplicable s'est imposé à l'auteur. Sans l'enlèvement qui a fait resurgir ses premières années, Jean-Paul Kauffmann n'aurait probablement jamais eu le désir de raconter son après-guerre. Refuge et protection, cette enfance l'a sauvé. Grâce à elle, une partie de sa vie de prisonnier a échappé à ses ravisseurs.
Ce livre à la fois enquête et récit intime nous apprend à sentir, regarder, observer. Tout lecteur y retrouvera sa part d'enfance, ce sanctuaire dont on se croit le propriétaire. -
Ça finit quand, toujours ?
Agnès Gruda
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 27 Août 2025
- 9782382848753
À l'aube des années 1950, dans une maternité de Varsovie, deux femmes font connaissance. L'une vient d'accoucher d'une fille qu'elle appellera Ewa, l'autre d'un garçon prénommé Adam. La coïncidence, qui semble annoncer un monde nouveau, les amuse et les rapproche. Autour de Nina et Pola se rassemblent bientôt quatre familles unies par les liens du sang, de l'amitié ou du coeur. Mais les vieux démons, toujours prêts à se réveiller, disperse la tribu aux quatre vents - en Europe d'abord puis aux États-Unis, au Canada et en Israël. Enfants et adultes y trouveront de nouveaux horizons, de nouveaux rêves qui se briseront parfois. Ils changeront de langue et de prénom. Seront tentés de revenir ou de prendre à nouveau la route. Chacun vivra l'exil différemment, selon sa terre d'adoption, mais tous refuseront obstinément de devenir des étrangers les uns pour les autres. Agnès Gruda tisse une formidable saga familiale, embrassant cinq générations et trois continents. Entremêlant la petite et la grande histoire, elle évoque avec subtilité le déracinement, la fragilité des identités, la somme de nos transformations. Et réaffirme à chaque page la force irrépressible de la vie.
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Notre-Dame de Paris : Ô reine de douleur, ô reine de victoire
Sylvain Tesson
- Éditions des Équateurs
- Litterature
- 15 Novembre 2024
- 9782382848180
Une compilation inédite de tous les écrits de Sylvain Tesson dédiés à Notre-Dame.
À l'esprit, dans l'ordre : l'effroi, les analyses, les souvenirs.
L'effroi, c'est l'impensable mêlé au sublime. Les images du brasier sont belles. Beauté horrifique, gravure en fusion de Gustave Doré.
Tout homme a un rendez-vous quotidien avec le paysage qu'il habite. Je vis sur les quais de la Seine, entre l'église Saint-Julien-le-Pauvre où fut enterrée ma mère et l'église Saint-Séverin où fut baptisé Huysmans. Notre-Dame est là, tout près, reine mère de sa couvée d'églises.
Je séjourne «sous le commandement des tours de Notre-Dame » (Péguy dans Les Sept contre Paris).
S. T.
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« J'ai appris à naviguer comme j'ai appris à écrire : juste ce qu'il faut pour tenir le cap. Pas assez pour me préserver, et sans intention de prévenir les creux. »
Ce livre, c'est l'histoire d'une fille qui se demande ce qu'elle fait là. Elle s'appelle Sarah et passe son temps à s'enfuir, à errer, pour en revenir souvent au même point. C'est l'histoire du « pou », une bestiole imprévisible installée dans l'esprit de Sarah, à l'affût de nouveaux plans catastrophiques, et qui l'oblige à acheter un bateau. C'est l'histoire de ce bateau, Dune, une vieille bique à coque rouge, et de ses mises à l'eau rocambolesques. C'est l'histoire d'un père férocement attachant, fan de Renaud et d'orchidées, toujours prêt à inviter la terre entière à partager une raclette. Un père malade, acculé à prendre la décision que redoutait sa fille. C'est un deuil qui n'en finit pas, des années qui passent, des amis qui restent, des films en noir et blanc, un chat aveugle qui perd ses dents, des croque-morts en chemises hawaïennes...
Un roman intime et pétulant, sans fard et sans pathos, dans lequel l'héroïne raconte sa douleur et ses doutes, ses joies et son envie de chanter quand même, très fort et très faux, en attendant qu'on l'emmène n'importe où ailleurs, pourvu qu'il y ait du soleil et des glaces stracciatella. -
Deux hommes, une gare, un train. Un roman qui part en retard, s'arrête sur les voies et finit
en eau de boudin.
Deux copains rêvent d'aventure. Se procurent à cet effet un baluchon et deviennent
vagabonds. De nuit s'introduisent dans une gare de marchandises, et se cachent dans un
train. Ne savent pas quand ils partiront et où ils partiront. Ne savent même pas s'ils
partiront. Au petit matin le train s'ébranle.
Des jours durant, les deux amis brûlent le dur, comme on dit dans les romans de Jack
London, de Kerouac, de Jim Tully. À la différence près qu'ils ne verront pas Sacramento
ou les grandes plaines du Wyoming, mais Villeneuve-Saint-Georges, le parc naturel
régional du Gâtinais, Pouilly-sur-Loire, Nevers et Clermont-Ferrand... bref, le coeur de la
France !
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Par la force des arbres
Edouard Cortès
- Éditions des Équateurs
- Litterature
- 21 Octobre 2020
- 9782849908051
Après un coup de tonnerre du destin, Édouard Cortès choisit de se réfugier au sommet d'un chêne, de prendre de la hauteur sur sa vie et notre époque effrénée. À presque quarante ans, il embrasse femme et enfants, supprime ses comptes sur les réseaux sociaux et s'enfonce dans une forêt du Périgord pour un voyage immobile. Là, dans une cabane construite de ses mains, il accomplit son rêve d'enfant : s'enforester, rompre avec ses chaînes, se transformer avec le chêne, boire à la sève des rameaux. Ce printemps en altitude et dans le silence des bois offre une lecture de la nature qui ne se trouve dans aucun guide ou encyclopédie. Le chêne si calme abrite un cabinet de curiosités et accorde pendant trois mois à l'homme perché une rêverie sous les houppiers et les étoiles. Il faut savoir parfois contempler une colonie de fourmis savourant le miellat, écouter un geai ou un couple de mésanges bleues, observer à la loupe des champignons et des lichens pour comprendre le tragique et la poésie de notre humanité. Afin de renouer avec l'enchantement et la clarté, l'homme-arbre doit couper certaines branches, s'alléger et se laisser traverser par la vie sauvage avec le stoïcisme du chêne.
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A l'écoute du silence
Stéphanie Bodet
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 16 Avril 2025
- 9782382848074
Tout à coup, le bruit est devenu trop violent, la souffrance trop intense. Après une vie de grimpeuse professionnelle confrontée à des conditions extrêmes, c'est un dîner assourdissant avec des amis qui procure à Stéphanie Bodet des vertiges plus insoutenables que tous ceux qu'elle aurait pu connaître du haut de parois de centaines de mètres. La seule solution qui se présente à elle est de fuir le monde pour mieux y revenir.
Le récit nous mène alors au coeur de l'Ariège, dans la retraite d'une cabane nichée sur les hauteurs, à la recherche d'un silence salvateur. Cette parenthèse procurera-t-elle l'apaisement suffisant pour revenir au monde et à son bruit ? Car loin des rugissements mécaniques du monde, la réalité d'une vie plus frugale se révèle parfois plus sonore que prévu... Pourtant, un lien précieux à l'environnement et à soi peut s'y reconstruire.
Dans ce texte où tous les sens sont à l'affût, portés par une écriture sensible, la symphonie que joue le vivant danse avec le silence. Dans la solitude, les souvenirs affluent et s'entrelacent à la réalité présente. Comme cette randonnée en montagne de nuit, menée avec des amis dans un territoire sauvage où le silence partagé révèlera toute sa tendresse.
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La littérature ça paye !
Antoine Compagnon
- Éditions des Équateurs
- Litterature
- 4 Septembre 2024
- 9782382847510
Au moment de la rentrée littéraire où on s'interroge toujours sur le sort et le devenir de la littérature , Antoine Compagnon, avec son esprit iconoclaste, signe un essai d'humeur et intempestif : La littérature, ça paye .
Ça paye parfois les écrivains quand ils ont une postérité , comme Baudelaire qui, bien qu'ayant mené une vie de pauvreté, connaitra la fortune posthume.
Mais la littérature ça paye surtout pour les lecteurs car la littérature peut être à la fois un éloge de la beauté , du temps immobile , le fameux « otium », opposé à une vie trop active, le « negotium ». Proust l'a d'ailleurs démontré : les médecins, les militaires, quand ils sont lettrés, sont toujours meilleurs que les autres.
Enfin, la littérature ça paye parce que, à notre époque, les fake news ou le narratif prennent le dessus, même sur la guerre. Un récit juste est la meilleure des armes . Il n'y a pas de vie réussie sans son récit.
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Aimer comme un albatros
Jean-Noël Rieffel
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 23 Avril 2025
- 9782382848333
Chez les albatros , l'amour est romantique, éternel . Et chez les humains, l'amour est ailé. Mais quand les épreuves de la vie nous coupent les ailes et que tout menace de s'effondrer, la splendeur de la nature et l'observation attentive des oiseaux permettent de renouer avec le sens de la vie.
Confronté à un divorce douloureux , le narrateur du récit a l'intime conviction que les oiseaux , par leur pouvoir guérisseur et leurs manières savantes d'aimer, vont éclairer le chemin de sa reconstruction. Quelle est la conception de l'amour chez les oiseaux ? Comment tissent-ils des liens d'affection ? Ont-ils des sentiments ou répondent-ils simplement à l'exigeante saison des amours ? Sont-ils fidèles ou infidèles ? Comment expriment-ils leur joie et leur tristesse ?
En s'installant dans une nouvelle maison au bord de la Loire , Jean-Noël Rieffel ouvre une nouvelle page de sa vie . Il y découvre la figure de Maurice Genevoix , l'écrivain naturaliste, formidable intercesseur du monde sauvage et de l'enfance sensible, qui a décrit si précisément les humbles et la poésie de la nature. Jean-Noël mène l'enquête sur cet écrivain qui a tant à nous apprendre aujourd'hui. S'installant à sa table d'écriture, il lui donne la place qu'il mérite et nous transmet ses leçons de vie.
À son tour, Jean-Noël Rieffel part sur les traces de son enfance en Bretagne , célèbre la fraternité des ornithologues, les fameux « cocheurs », comme Genevoix a célébré celle de ses compagnons d'armes, observe le courage et l'abnégation des oiseaux qui vont lui permettre de se relever des épreuves de la vie .
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Il nous faut la vie fauve
Caroline Boidé
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 14 Mai 2025
- 9782382847688
Face à un monde soumis à la statistique, où sévit la dictature du nombre et des algorithmes, gagné par la marchandisation et la robotisation, envahi par les réalités artificielles, la vie fauve est le nouveau recours contre l'effondrement, le chemin vers la liberté. Dans ce livre-manifeste, qui est aussi un récit de voyage, de Collioure (le port d'attache de Matisse et des peintres fauves) à Tanger (la porte marocaine de Delacroix) en passant par l'Algérie et le Mexique, Caroline Boidé part sur les traces d'artistes à l'élan vital qui ont fait le choix d'une existence étrangère à toute domestication, en qui bouillonne une révolte contre l'oppression matérielle et spirituelle. Caroline Boidé piste donc des figures magnifiques et indomptables : Catherine Pozzi (l'amour fou de Paul Valéry), la chanteuse Chavela Vargas, Grace Jones, Dominique Aury (l'autrice d'Histoire d'O), Delacroix, Nietzsche, le compositeur Tchèque Janá?ek ou encore l'écrivain Linda Lê (diamant noir des lettres françaises). Elle perce leurs secrets qui peuvent nous inspirer aujourd'hui. Cet éloge d'une vie sensible et en couleurs est aussi la quête de beauté et d'émancipation d'une femme au contact des grands fauves. Contre le stress et l'éco-anxiété, vous avez essayé toutes les thérapies, le yoga ayurvédique et le spa nordique, laissez-vous tenter par la vie fauve et révélez la puissance animale qui est en vous.
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La vie derrière soi ; fins de la littérature
Antoine Compagnon
- Éditions des Équateurs
- Litterature
- 1 Septembre 2021
- 9782382841846
«Pour son derniers cours au Collège de France, Antoine Compagnon s'est livré à une ultime réflexion sur la littérature, l'art, la musique à travers le kaléidoscope du mot « fin ». C'est en relisant La vie de Rancé de Chateaubriand qu'il en eut l'inspiration. Mais qu'est-ce que « les fins de la littérature » ? Cela signifie-t-il pour un écrivain de mettre un terme à son activité créatrice ? S'adonner enfin à l'oisiveté ? Ou faut-il prendre le mot au sens de crépuscule du créateur ? Un artiste est-il plus génial dans sa jeunesse ou sa maturité ? La vieillesse est elle-un déclin ou au contraire une apothéose ? Le Titien a-t-il eu raison de créer après 70 ans ? Hokusai, « le vieillard fou de dessin » estimait qu'il devrait atteindre l'âge de 110 ans pour maîtriser son art. N'existe-t-il pas un art sublime ? Un art du sublime sénile ? Les oeuvres ultimes malmènent les conventions. Elles peuvent être chaotiques, désastreuses, bouleversantes et annoncer des ruptures comme les quatuors de Beethoven. À travers des exemples allant de l'antiquité jusqu'à nos jours, Antoine Compagnon se livre à une réflexion sur la place de la vieillesse dans notre civilisation et notre société. Car texte n'est pas un cours mais une Odyssée vagabonde qui digresse sur l'or du temps, la mélancolie. C'est un récit, une panoplie de toute beauté qui s'appuyant sur des tableaux est un chant du cygne - le cygne produisant son plus beau chant juste avant sa mort. Mais le chant du cygne est un mythe à l'image de la littérature. Et la littérature moderne s'est pensée comme « un champ du cygne démesuré ». « La littérature va vers elle-même, vers son essence qui est la disparition », affirmait Blanchot.
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Éloge des oiseaux de passage : journal d'un ornithologue un peu perché
Jean-Noël Rieffel
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 29 Mars 2023
- 9782382845172
« Les oiseaux, je leur dois beaucoup. Ils m'ont tant appris. Ils sont entrés en moi au cours de mon enfance et ne m'ont plus jamais quitté. A leurs côtés, j'ai développé des trésors de patience, des postures d'affût, d'attention, de quêtes : une quête de savoir, de rapprochement, et d'appropriation. Les oiseaux portent en eux l'éclat et la fragilité précaire du vivant. Ils m'ont révélé la beauté du monde, sa dimension sauvage. Toutes ces innombrables heures passées à les regarder a été à l'origine d'un attachement fort, d'un lien indéfectible qui me relie à eux, à leur mystère. Les contempler est devenu mon art de vivre. Un constant émerveillement. Un état de poésie. Un besoin vital. Partir à la recherche des oiseaux m'a permis de retrouver certains pans de ma vie... Ils m'ont fait migrer en moi-même. » Enfant, à l'école, Jean-Noël était un rêveur comme le cancre de Jacque Prévert. Il avait tendance à contempler la nature par la fenêtre. Au fil des années, il est devenu un fou d'oiseau, un guetteur, un cocheur (celui qui coche dans un carnet les oiseaux dans qu'il a vus en une année). Il nous raconte l'état de poésie permanent que lui a donné cette passion. L'oiseau de passage est l'oiseau migrateur par excellence, celui qui parcourt le monde pour échapper aux frimas de l'hiver, se reproduire dans des contrées plus hospitalières. C'est le trait d'union entre la géographie des deux hémisphères terrestres, le principal artisan aussi de l'union entre la terre et le ciel.
A l'image du martinet noir consacrant toute sa vie au vol, qui arrive en avril en Europe et repart dès le mois d'août en Afrique, l'oiseau de passage est le « satellite infime de notre orbite planétaire » (Saint-John Perse, Oiseaux). Symbole de la liberté absolue, il se joue de la pesanteur terrestre pour oublier son poids et se perdre dans l'espace aérien. Face aux turpitudes de nos existences (crise sanitaire, crise économique, crise écologique et climatique, terrorisme etc), comme il est rassurant de voir ainsi la nature perpétuer ses cycles, dans une forme de régularité métronomique, avec une incroyable force vitale, en faisant fi de nos maux et de nos blessures. Nous sommes aussi des oiseaux de passage sur cette terre. -
À la manière de John Irving, Paul Serge Forest signe une fresque romanesque, métaphysique et sociale au coeur du clan de Lelarge, sur la Côte-Nord québécoise. Un premier roman sous la forme d'une saga familiale, admirablement maîtrisé et singulier.
À Baie Trinité, sur la Côte-Nord du Québec, la famille Lelarge possède une très prospère usine de fruits de mer, qui fait leur fierté, leur fortune et assure l'économie de la presque totalité du petit village. À la mort de Rogatien, le chef de famille et de l'entreprise, Robert, son aîné, en reprend les rênes, bien décidé à faire florir leurs affaires au-delà des frontières. Le Japon convoite justement leur abondante production pour remplacer ses approvisionnements irradiés par la catastrophe nucléaire de Fukushima. Flairant la manne, Robert conclut un contrat colossal avec le Conglomérat des teintes, couleurs, pigments, mollusques et crustacés d'Isumi.
Survient alors Mori Ishikawa, un mystérieux Japonais envoyé par le Conglomérat pour superviser la production, venant troubler l'apparente quiétude de la bourgade à l'écosystème déjà fragilisé par l'expansion de l'usine. Très vite, l'étrange personnage fait battre le coeur de Laurie, la fille cadette mélancolique et rebelle de Robert, en pleine quête adolescente d'elle-même et de sa place dans cet univers étriqué. À mesure que grandit l'attrait irrépressible de Laurie pour le jeune homme, une vague d'événements bizarroïdes survient aux alentours du village. Elle découvre l'« Ori », une nouvelle couleur et toxine indescriptible dont Mori détient le secret, et ne tarde pas à comprendre le danger qui rôde autour de ce garçon énigmatique. Cette toxine lumineuse s'apprête à changer le cours de l'histoire de Baie-Trinité, et bien au-delà encore...
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écrire et dire
Caroline Broué, Jérôme Garcin
- Éditions des Équateurs
- Litterature
- 17 Janvier 2024
- 9782382846971
Jérôme Garcin revient sur les deuils qui l'ont frappé enfant et adolescent, évoque sa passion des chevaux, et se confie sur ces figures familiales dont il a fait des personnages de romans et sur son métier de critique.
On connaît la voix de Jérôme Garcin puisqu'il anime l'émission culte « Le Masque et la Plume » sur France Inter tous les dimanches à 20h depuis trente ans ; on connaît aussi son nom puisqu'il signe des critiques littéraires dans les pages de L'Obs dont il dirige les pages culturelles ; on connaît enfin sa plume puisqu'il est l'auteur de nombreux livres, des récits et des biographies romancées, pour lesquels il a remporté des prix comme le Médicis essai (1994) pour Pour Jean Prévost, le Grand prix de littérature Henri-Gal de l'Institut de France (2013) pour l'ensemble de son oeuvre, ainsi que Prix des Deux Magots (2020) pour Le Dernier Hiver du Cid. Il est l'un des phares de la vie littéraire française.
Écrire et dire est tiré des cinq entretiens réalisés par Caroline Boidé pour l'émission "À voix nue" (France Culture). -
Les misères des enfants trouves Tome 1
Eugène Sue
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 27 Septembre 2023
- 9782382846155
La saga de la rentrée, un feuilleton en quatre épisodes haletants TOME 1 : Sologne - 1845. Le petit peuple trime du matin jusqu'au soir, tentant de faire naître quelque chose des terres marécageuses ingrates, l'estomac et les mains chaque jour plus vides. Les riches, blasés et impitoyables, galopent à travers champs, sur les fidèles destriers lors de prolifiques parties de chasse, et rivalisent de bêtise et d'orgueil lors d'exubérantes réceptions. Sans jamais oublier d'encaisser les loyers et fermages de leurs chers paysans.
Mais dans ce « meilleur des mondes » campagnard, quelques grincements souterrains agitent soudainement la tranquillité des nantis. « Bête-Puante », le braconnier qui distribue sa chasse aux miséreux, est partout et semble tout savoir... « Bamboche », le forçat, s'est échappé et rode dans la forêt. Et que fait Martin, l'énigmatique valet qui semble si bien connaître le roi ? Beaucadet, le gendarme, ne pense qu'à mettre la main sur tous ces criminels... Sur les traces de son enquête, à mesure qu'il tente de démêler les fils de ces mystères, nous remontons peu à peu le temps, alors que ces anciens enfants orphelins brulaient les planches du cirque de l'homme-poisson, Léonidas Requin...
A la croisée du vaudeville, de la tragicomédie à la française et du roman social, Les Misères des enfants trouvés p nous plonge dans une série haletante, entre grandeur et misère, rire et larmes, dont la petite musique politique et sociale fait diablement écho à notre époque. Grand écrivain populaire du XIXsup>esup> siècle, Eugène Sue est également sans aucun doute l'auteur du feuilleton de la rentrée ! -
Tendre est la province
Thomas Morales
- Éditions des Équateurs
- Litterature
- 2 Octobre 2024
- 9782382847732
Comme Johnny Hallyday retenait la nuit, Thomas Morales retient la province dans un essai littéraire où l'auteur nous livre ses souvenirs d'enfance.
Né au siècle dernier dans un village de moins de 2 000 habitants, il écrit un hommage sincère et enfiévré à ces « territoires oubliés » de la République. Sans folklore, sans passéisme et avec une grande tendresse, il en dessine les paysages, les habitudes, les personnages, les espoirs et les dignités, tout un cadre de vie qui a été balayé par la modernité.
Ce texte aux allures de plaidoyer oscille entre le portrait intimiste d'un pays tant admiré et quelques piques adressées à ceux qui voudraient le déconstruire. C'est surtout un plongeon amusé, gourmand et culturel dans l'histoire récente de la France.
Thomas Morales nous emporte dans sa balade des jours heureux , du Berry au Finistère, des plats en sauce à la Peugeot 404, des comédies de Philippe de Broca à l'émission Apostrophes de Bernard Pivot, de la chanson populaire aux exploits sportifs en Mondovision, de la gare de Tracy chère à Georges Simenon au Paris canaille de la rue Mouffetard saisie par l'objectif de Robert Doisneau. Tout refait surface sous la plume de cet écrivain à la nostalgie rieuse et partageuse . Cet éloge de la province est un voyage à l'intérieur d'une France cachée et souvent méprisée . Thomas Morales en capte l'éclat et nous donne mille raisons de l'aimer .
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« Peut-être que je veux la paix avec beaucoup de naïveté, peut-être que je veux la paix comme les jeunes qui ne connaissent rien à la vie, comme les artistes perchés, comme les déconnectés de la réalité, comme ceux qui ont été épargnés par la souffrance, qui l'ont vécue d'assez loin pour ne pas disjoncter, ceux qui ne connaissent pas assez le monde pour savoir que ça ne marche pas comme ça, que c'est trop simple de vouloir la paix, qu'il faut choisir un camp, que sinon on lutte dans le vent. Mais je m'en fous, tu vois. L'avantage d'avoir vingt et un ans, c'est qu'on peut penser ce qu'on veut, et même le bien, qu'on peut se battre pour toutes les vies, même les petites, qu'on peut lutter pour l'idéal qu'on a dans la tête, même si ça paraît impossible ; on nous le pardonnera. »
Le 7 octobre 2023, une étudiante juive se réveille à Paris au bruit de la guerre. Shabbat noir est le roman de sa journée qui en contient mille autres. Le roman d'une jeunesse dont la furieuse envie de vivre se heurte au fracas du monde. -
Les mystères des enfants trouvés : les misères des enfants trouvés Tome 2
Eugène Sue
- Éditions des Équateurs
- Litterature
- 18 Octobre 2023
- 9782382846209
Après mille et une péripéties, Martin et « amboche rejoignent la troupe de saltimbanques de La Levrasse et du Major et font la connaissance de Basquine - dont Bamboche est tombé amoureux - et de l'homme-poisson, Léonidas Requin.
Exploités et maltraités les trois enfants se vengent de leurs bourreaux et s'enfuient. Les voilà lâchés, seuls, et sans beaucoup de repères - mais toujours débrouillards - en pleine campagne. Après bien des aventures, Martin est recueilli par Claude Gérard un instituteur de village qui mène, comme tous ses collègues, une existence misérable et enseigne, avec les bêtes, dans une écurie - puisque les notables et l'église s'opposent à l'éducation populaire du plus grand nombre... Si l'existence, malgré tout, est plus douce, Martin ne rêve que d'une chose retrouver ses camarades d'enfance. Des rebondissements sont encore à la clé... -
Bernard et Annabel Buffet : l'amour fou
Jean-Claude Lamy
- Éditions des Équateurs
- Litterature
- 3 Juillet 2024
- 9782382845585
En 1958, Bernard Buffet et Annabel Schowb de Lure se rencontrent par hasard lors d'un reportage photos sur Saint Tropez pour Paris Match. C'est un coup de foudre immédiat. Bernard Buffet, jeune peintre expressionniste hanté par la grâce et par Dieu, vient de se séparer de son amant Pierre Berger. Il traverse une période de doute profond. De son côté, Annabel est une jeune femme longiligne ayant des aventures féminines comme masculines et vivant dans l'entourage de Françoise Sagan. Elle écrit des romans qui ne sont pas sans rappeler d'ailleurs ceux de l'autrice de
Bonjour tristesse. Leur histoire d'amour fusionnelle a duré une trentaine d'année jusqu'au suicide de Bernard Buffet en 1999 qui souffrait de la maladie de Parkinson. Leur vie, c'est à la fois la folle liberté de Saint Germain des Pré et de Saint Tropez, le soleil éclatant et les amis extravagants. Mais la mélancolie se cache derrière le soleil. La mère d'Annabel, femme libre, amatrice de bateau, s'est suicidée. Son propre père suivra le même chemin.
La mère de Bernard Buffet est morte prématurément, ce qui a traumatisé le futur artiste. Tant d'ombres expliquent les fêlures de ces deux artistes qui cèderont notamment à l'addiction de l'alcool, mais il y a une chose intacte qui est le coeur de ce livre : leur folle histoire d'amour fusionnelle, surréaliste, digne d'un roman d'André Breton. Grâce à des documents inédits l'ancien journaliste et biographe Jean-Claude Lamy raconte ces folles années 50, 60, 70 et 80, où l'incandescence de la vie se confondait avec la liberté créatrice. Ce récit est à la fois une biographie croisée, l'histoire d'une folle passion et le portrait de deux artistes qui aujourd'hui encore séduisent les jeunes générations comme Matthieu Chedid.
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Soirée d'été, dans les années 80, dans une ville de province. Dans les rues désertes et
sous la chaleur des après-midi passés autour d'un lac ou d'une table de jardin, des
amis se retrouvent. Archétypes de leur génération fière, désabusée et mélancolique, ils
se tiennent au seuil de l'âge adulte, redoutant la bascule.
Alors que la fête bat son plein, entre deux verres de gin-ananas et deux bouffées de
Camel, ils s'interrogent : que faire de leur vie ? Partir ou rester ? Le temps s'étire et
pourtant il faut choisir. C'est le dernier été avant l'inventaire.
Dans ce roman d'une nuit et d'un demi-siècle, ciselé au scalpel d'un style ironique et
tendre, c'est une génération gâtée, celle des futurs « boomers », qui se regarde dans le
miroir de ses occasions manquées. Un dernier verre pour la route. Un dernier disque
avant que l'aube ne se lève comme un rappel à l'ordre...