Cnrs
-
En dépit d'une abondante littérature consacrée au conflit israélo-palestinien, le Hamas reste un acteur politique largement méconnu. Boycotté par la majorité de la communauté internationale et agissant sans l'appui d'un véritable appareil d'Etat, le mouvement islamiste exerce pourtant un rôle capital dans la géopolitique du Moyen-Orient.
Dépassant l'analyse simplificatrice qui se focalise principalement sur la coloration religieuse de l'identité politique du Hamas, dont l'obsession unique serait la destruction d'Israël, Leïla-Laetitia Seurat s'efforce au contraire de nuancer cette approche unilatérale, pour montrer la complexité des liens entre le soubassement idéologico-religieux et des intérêts bien compris.
L'analyse des procédures de décision en matière de politique étrangère au sein du mouvement permet également d'entrer dans la " boîte noire " du Hamas qui reste, par son caractère clandestin et sa culture du secret, encore très largement opaque au grand public. Prendre une décision consiste en effet pour le Hamas à consulter ses différents centres de pouvoir, répartis entre la Cisjordanie, Gaza, les prisons israéliennes et l'extérieur. L'analyse de ces interactions permanentes et préalables à toute prise de décision, permet d'éclaircir de nombreuses zones d'ombre et d'invalider le poncif encore largement répandu d'un mouvement homogène, unifié et vertical. -
Un foyer, un peuple, une nation. Eretz Israël, ou le royaume promis par Dieu aux juifs dispersés sur la terre. Une espérance plurimillénaire devenue réalité au XXe siècle, portée par un messianisme sécularisé, le sionisme, et concrétisée par un puissant levier d'assimilation, trop souvent négligé par les historiens : l'éducation.
Avner Ben-Amos explique comment ce défi a été relevé. Si l'école a joué un rôle fondamental, d'autres moyens ont accéléré la formation de la conscience nationale israélienne : cérémonies commémoratives, monuments, musées d'histoire, programmes télévisés.
Le dialogue sans cesse renouvelé avec le passé, les perpétuels réaménagements de la conscience collective rendent possible le maintien de cette identité, fondée sur une interaction complexe entre intégration et exclusion. Malgré le retour en force des particularismes et la sanctuarisation des mémoires particulières, ce sentiment national reste vivant par la stigmatisation d'un ennemi commun : les Arabes.
-
Trafic de drogues, d'armes et d'êtres humains, contrebande, contrefaçon, fraude financière, crime écologique, mafia, guérilla passée au narcotrafic, bande criminelle de quartiers, corruption... Comment prévenir et juguler ces fléaux qui menacent la sécurité des citoyens, des États, de l'Europe ?
Francois Farcy et Jean-Francois Gayraud montrent pourquoi et comment le renseignement est indispensable pour combattre efficacement des criminalités protéiformes et toujours plus transnationales. Une approche nouvelle exigeant la remise en cause radicale de tactiques usées, lentes et stérilisantes.
Pour la première fois, un ouvrage offre une étude rigoureuse et novatrice pour analyser et combattre les nouvelles criminalités nourries par la mondialisation.
-
En bref L'éloge, vivant, pédagogique et enjoué, de l'anthropologie, comme besoin irrépressible d'une compréhension culturelle de l'homme à l'heure de la mondialisation. Par l'une des grandes figures de cette discipline fondamentale.
Le livre Le plus éminent disciple de Claude Lévi-Strauss revient ici sur le sens ultime de la discipline qu'il a savamment illustrée. Qu'est-ce que l'anthropologie ? Quelle révolution a-t-elle causé au sein des sciences humaines ? Et de quelle vision de l'histoire et des civilisations témoigne-t-elle ?
En un essai d'intervention, brillant et incisif, ce sont tous nos présupposés, nourris par la société mondiale du marché, qu'interroge Maurice Godelier. Oui, la compréhension des cultures est la clé du monde de demain. Non, la globalisation ne peut se faire au prix d'un consumérisme indifférencié. La quête de sens, venue du fond des âges, persiste. Elle s'est désormais donnée des outils savants pour découvrir l'altérité. Car il n'est d'unité que des différences et il ne saurait y avoir d'universalité qui ignore le particulier.
Un plaidoyer pour l'homme, et pour tous les hommes. Un livre éclairant sur les vraies urgences d'aujourd'hui.
L'auteur Normalien, agrégé de philosophie, directeur d'études à l'EHESS, ancien directeur scientifique du département SHS du CNRS et du musée du Quai Branly, Maurice Godelier est l'auteur d'une ouvre féconde, couronnée de nombreux prix et traduite à l'étranger, dont Au fondement des sociétés humaines qui, en 2007, a rencontré un vif succès.
Arguments . Ventes de Communauté, société, culture : 3 000 exemplaires . Le manifeste du disciple de Lévi-Strauss . Une clé essentielle pour comprendre le XXIe siècle -
Norbert elias ; vers une science de l'homme
Sophie Chevalier, Jean-marie Privat
- Cnrs
- Biblis
- 21 Novembre 2013
- 9782271079671
Aujourd'hui lu et commenté dans le monde entier, Norbert Elias (1897-1990) a marqué de son empreinte l'histoire des sciences sociales et renouvelé notre connaissance du processus de civilisation. Ses oeuvres maîtresses, La Dynamique de l'Occident, La Société de cour, La Société des individus, témoignent d'une pensée toujours en mouvement, féconde, plurielle, ambitieuse. Pionniers des études éliasiennes, les auteurs ici réunis livrent une synthèse claire et didactique d'une philosophie de l'histoire et d'une vision de l'Homme qui échappent aux catégories simplificatrices.
Ils éclairent les concepts clés forgés par le grand sociologue des moeurs et de la civilisation : autocontrôle des affects, configuration sociale, distanciation méthodique... Un Norbert Elias plus que jamais d'actualité, qui en décrivant la longue marche de l'Homme vers la domestication de ses propres pulsions, interroge puissamment la nature du lien social et notre relation à l'Autre.
-
La récente polémique franco-chinoise sur la restitution de bronzes du Palais d'Eté, celle sur les Cariatides du Parthénon, ou encore la restitution des momies égyptiennes illustrent le débat de plus en plus vif qui oppose les pays « spoliés » aux pays, musées et collectionneurs « détenteurs » d'oeuvres d'art considérées comme universelles.
Le livre d'Emmanuel Pierrat pose la question : quelle est la légitimité de ces revendications ? Sont-elles seulement l'expression de la volonté de récupérer un patrimoine pillé autrefois par les Européens ? Au-delà des querelles sur la conservation des oeuvres d'art et leur mise à disposition du public, ces revendications sont devenues un enjeu politique majeur et un point de friction « culturelle » avec des Etats qui veulent récupérer leur histoire.
Dans ce texte percutant et parfaitement informé, l'auteur expose aussi la position de la France et ses ambiguïtés : elle n'a ratifié qu'en 1997 le traité international adopté le 14 novembre 1970 à Paris et n'a toujours pas ratifié la Convention « Unidroit » de 1995 sur les biens culturels volés ou illicitement exportés. Nul ne s'étonnera que la patrie des Arts et des Lettres traîne des pieds : les collections publiques contiennent trop d'oeuvres pillées au gré des invasions et de la colonisation, sans même évoquer la Shoah.
Problème complexe mêlant droit, morale, argent, préjugés, et conservatisme, la restitution des oeuvres d'art est abordée ici de façon érudite et émaillée d'anecdotes édifiantes.
-
Du diable en politique ; réflexions sur l'anti-lepenisme ordinaire
Pierre-André Taguieff
- Cnrs
- 15 Mai 2014
- 9782271080639
Depuis les premiers succès électoraux du Front national à l'orée des années 1980, les adversaires de l'extrême-droite se grisent d'incantations et d'imprécations. Soldats du Bien prêchant une nouvelle croisade, antifascistes bercés d'illusions consolantes, ils masquent leur désarroi et leur panique devant des « menaces » ou des obstacles qu'ils s'avèrent impuissants à conjurer. « F comme fasciste, N comme nazi », continuent de scander les manifestants antiracistes. La reductio ad hitlerum est devenue la seule réponse politique à la progression du FN.
Pierre-André Taguieff dénonce les effets pervers de cette diabolisation, qui empoisonne le débat démocratique et profite en définitive à l'extrême-droite. Le parti lepéniste, en effet, tire habilement parti de la dénonciation vertueuse dont il est l'objet pour se poser en victime du « Système ». Pour mieux le cerner, Taguieff propose une nouvelle définition de l'extrême-droite. Celle-ci ne se situe pas « à droite de la droite », selon l'expression convenue. Produit de synthèse instable, né du mélange de thèmes empruntés aux droites non libérales et à l'extrême gauche, l'extrême droite mêle les contraires : le conservatisme et l'esprit révolutionnaire, le républicanisme et le racisme, l'esprit grégaire et le culte de l'individualité, le conformisme et la subversion.
-
En bref
Territoire, souveraineté, identité : la réflexion d'un grand spécialiste des relations internationales.
Le livre
Support exclusif de l'autorité, le territoire a longtemps doté la vie internationale de ses principes fondateurs en la concevant comme une réunion d'États souverains. Cette construction est aujourd'hui ébranlée, victime de la mobilisation accrue des individus, des progrès de la communication et du retour de l'ethnicisme. Trop étroit pour faire face au développement des échanges, trop vaste pour s'adapter aux besoins de la nouvelle quête identitaire : le territoire est de moins en moins admis comme support d'une citoyenneté et de plus en plus toléré ou réclamé comme l'instrument d'une appartenance religieuse ou ethnique revendiquée. La montée en puissance des flux transnationaux, l'essor des réseaux tout comme la mise en échec de la relation citoyenne affaiblissent le territoire de l'État-nation.
La dimension universaliste dont était porteur le principe de territorialité doit désormais être réinvestie ailleurs, afin que le respect de l'autre devienne une valeur transnationale, à un moment où aucune institution n'a les moyens de l'imposer par la contrainte.
L'auteur
Professeur de Relations internationales à l'Institut d'Études Politiques, Bertrand Badie est l'auteur, entre autres, de La diplomatie de connivence (2011), et plus récemment de Quand l'Histoire commence (2013).
Arguments
- Le maître ouvrage de Bertrand Badie sur la remise en cause de l'État-nation. -
Un seul monde ; l'évolution de la coopération internationale
Guillaume Devin
- Cnrs
- Debats
- 2 Janvier 2014
- 9782271077837
Sur la question syrienne, les désaccords interétatiques sont aujourd'hui criants. Est-il vraiment possible de parler de coopération internationale quand les vetos russes et chinois paralysent le Conseil de Sécurité de l'ONU et empêchent tout accord sur une politique commune en Syrie, où l'on compte déjà plus de 100 000 morts ?
Saisie par des crises internationales de plus en plus spectaculaires, l'opinion commune peut difficilement croire à l'existence d'une communauté internationale soudée et à l'efficacité d'une coopération mondiale. Car les actes de violence éclipsent les gestes de concorde et les discours sur le multilatéralisme sont assimilés à la croyance naïve en un monde idéal.
Pourtant, la création de nombreuses instances internationales depuis la fin du XIXe siècle, de l'Union télégraphique à l'Organisation Mondiale de la Santé, en passant par la Société des Nations, a contribué à un lent processus d'unification et de pacification du monde. Car les coopérations techniques et politiques permettent de réduire l'incertitude et de rendre le monde un peu moins éclaté. Sans idéalisme, elles nous rapprochent sans faire disparaître les rapports de force, elles produisent des visions communes sans supprimer les différences, elles pacifient sans éradiquer la violence. La coopération internationale existe, elle construit notre monde, elle l'améliore en silence.
La coopération internationale : le seul chemin vers un monde pacifié.
-
Le sage et le peuple ; le renouveau confucéen en Chine
Sébastien Billioud, Joël Thoraval
- Cnrs
- Bibliotheque De L'anthropologie
- 23 Octobre 2014
- 9782271081544
Que signifie le « retour du confucianisme » dans une Chine redevenue puissance mondiale ? Alors que les études existantes privilégient les discours idéologiques et les débats intellectuels, ce livre prend pour la première fois comme point de départ l'émergence, dans les années 2000, d'un « confucianisme populaire » qui se distingue des initiatives officielles. À partir d'enquêtes de terrain menées sur près d'une décennie, il étudie le développement de nouvelles pratiques - réappropriation des textes classiques, culture du corps, création d'un néoritualisme.
-, dans des contextes aussi variés que les écoles et les universités, les temples et les mouvements religieux, les entreprises et les administrations. En les analysants dans la perspective plus vaste d'une remise en cause en Chine des grands récits modernisateurs ayant dominé le XXe siècle, Le Sage et le peuple jette une lumière nouvelle sur l'articulation du politique et du religieux dans la Chine contemporaine. À travers l'observation des cultes d'État mis en place sur le continent et à Taïwan, c'est aussi la question du destin contemporain de la tradition cosmologique chinoise qui se trouve posée.
-
En bref La somme de référence sur l'histoire de Mare Nostrum.
Le livre Migrations, développement, paix, dialogue des civilisations : c'est au sud de l'Europe que se joue notre avenir. Comprendre la Méditerranée, son passé, ses réalisations, c'est anticiper cet avenir. De Moïse à Braudel, d'Hérodote à Huntington et d'Homère à Nasser, voici la grande histoire politique et culturelle de Mare Nostrum, carrefour de l'Europe, de l'Afrique et du Moyen-Orient, berceau des civilisations phéniciennes, persanes, berbères, grecques et romaines. Une histoire au long cours façonnée par le climat, le commerce maritime, la culture de la vigne et de l'olivier. Une histoire de guerres et de paix successivement marquée par l'expansionnisme athénien, les dominations romaine, byzantine puis ottomane, et l'impérialisme des puissances coloniales.
Justice, démocratie, place de la femme dans la société, relation à la transcendance, traditions philosophiques, littéraires, artistiques : quels sont les facteurs qui divisent la Méditerranée ou, à l'inverse, l'unifient ? En répondant à cette question, Jacques Huntzinger nous invite à méditer cette phrase de Camus : La Méditerranée est le lieu où l'intelligence est sour de la dure lumière .
Véritable joyau, cet essai est celui d'un méditerranéiste de raison qui s'efforce de rejeter tout radicalisme. D'où son goût prononcé pour la synthèse et le point de vue équilibré.
Marianne L'auteur Docteur en droit, Jacques Huntzinger est ancien ambassadeur de France en Israël.
Arguments - La Méditerranée, un enjeu géopolitique majeur. -
En bref Toutes les clés pour comprendre Mai 68 et les représentations attachées à cet événement fondateur.
Le livre Retracer la chronologie de Mai 68 ne pose plus guère de difficultés : de nombreux acteurs ont livré leurs témoignages, les archives sonores et visuelles ne manquent pas. En revanche, comprendre sans parti pris le mythe de fondation de la génération aujourd'hui aux commandes, est plus délicat et rarement tenté.
Il faut tout le souffle et toute la connaissance du XXe siècle de Jean-François Sirinelli pour inscrire ces folles semaines dans le temps long de notre histoire : sa science à la fois des réseaux du pouvoir et des courants qui parcourent la jeunesse lui fournit des éclairages inédits. La tâche est complexe, car Mai 68 a été un véritable événement Janus, multiforme dans ses modalités comme dans sa signification. Incontestablement, ce livre constitue un pas décisif dans la réflexion sur une grande crise de l'histoire nationale, dont les effets ont été majeurs sur notre société. D'autant qu'il s'interroge aussi sur ce point essentiel : comment résoudre une crise aiguë en régime démocratique et à l'âge médiatique?
L'auteur Éminent spécialiste de l'histoire de la France du XXe siècle, Jean-François Sirinelli enseigne à Sciences Po, où il dirige aussi le Centre Histoire. Il a signé des ouvrages qui sont devenus des classiques (Histoire des droites en France, Deux intellectuels dans le siècle : Sartre et Aron, les Baby-boomers, Les Vingt Décisives : 1965-1985, etc.), régulièrement réimprimés. Il vient de publier, Désenclaver l'histoire chez CNRS Éditions.
Arguments - Mai 2013 : 45e anniversaire de Mai 68 -
La Turquie au Moyen-Orient ; le retour d'une puissance régionale ?
Dorothée Schmid
- Cnrs
- Cnrs Alpha
- 29 Décembre 2011
- 9782271073525
La République de Turquie a tourné le dos au Moyen-Orient pendant la plus grande partie du xxe siècle. Ce repli stratégique et culturel, acté dans les années 1920 pour consolider l'État naissant après l'effondrement de l'Empire ottoman et refonder une nation turque débarrassée des influences orientales, a perduré jusqu'à la fin de la guerre froide. Le monde arabe et iranien était devenu l'Orient d'une Turquie qui se voulait fermement ancrée dans la modernité occidentale. Le contraste est aujourd'hui saisissant : la Turquie en plein renouveau, progressivement libérée des tabous du kémalisme, réinvestit rapidement le Moyen-Orient, devenu terrain d'expansion économique et d'expérimentation diplomatique. Elle se positionne comme une puissance régionale à part entière, sur le mode du soft power. Le Moyen-Orient est même parfois présenté comme l'alternative à une perspective européenne en berne. Mais les « printemps arabes » posent un sérieux défi à l'influence turque dans la région. Modèle naturel pour les futures démocraties arabes, ou acteur impérial qui défend au plus près ses intérêts de puissance : quel sera le rôle de la Turquie dans un contexte de profonde instabilité régionale ? La diplomatie de l'AKP, le parti d'origine islamiste qui dirige le pays depuis 2002, subit ici un test majeur, entre recherche d'équilibre et exercice de responsabilité.
-
Effondrement de dictatures au Maghreb, crise des dettes souveraines, terrorisme mondialisé, affaire Wikileaks... Ces convulsions sans lien évident se succèdent à un rythme effréné, détraquant nos grilles de lecture, affolant la boussole de notre jugement. Annoncent-elles un ordre nouveau ? Peut-on leur trouver un sens ? Le fil rouge de ce continuum est la puissance, qui en tisse la trame et qui, aujourd'hui comme hier, définit l'ordre du monde.
La puissance au XXIe siècle explore les transformations de ce concept central du système international, en examine les fondements, en dégage les règles.
Au coeur de cette notion, il y a le rapport à l'innovation, dont les avancées ébranlent vigoureusement le statu quo. L'« âge de l'information » est ainsi synonyme d'affaiblissement de la puissance jusqu'alors monopolisée par les États. Ceux-ci sauront-il appliquer à leur profit la grammaire subtile et changeante de la puissance ?
-
REVUE ANATOLI n.6 : patrimoines culturels et fait minoritaire en Turquie et dans les Balkans
Meropi Anastassiadou
- Cnrs
- Revue Anatoli
- 24 Septembre 2015
- 9782271087614
Anatoli est une publication annuelle consacrée à l'étude pluridisciplinaire de l'espace qui s'étend de l'Adriatique à la Caspienne. Elle s'intéresse aux cultures - grecque, latine, slave, turque, persane, géorgienne, arménienne, juive, etc. - qui l'ont habité et façonné. Les territoires de cet espace, aujourd'hui fragmenté, furent jadis unifiés, au moins partiellement, par des pouvoirs impériaux, dont le dernier fut l'Empire ottoman. Ils en gardent bien des traits communs, souvent sous forme latente. L'importance de cet espace pour l'Union européenne est une évidence.
Héritiers de grands empires, la Turquie et les pays balkaniques ont opté, à la faveur des grands bouleversements ayant marqué leur histoire récente, pour le modèle de l'État-Nation. Ce choix a entraîné un net recul de la diversité culturelle et s'est accompagné d'immenses dommages infligés aux patrimoines des minorités. Les seize contributions rassemblées ici ne manquent pas de le souligner, donnant à voir les ravages des nationalismes. Cependant, en ce début du xxie siècle, les politiques européennes en faveur de la protection des groupes minoritaires et de leurs ressources patrimoniales commencent à porter des fruits. À cet égard, plusieurs études de cas incitent à un certain optimisme. Même si les vieux contentieux, sources de tant de tragédies, continuent de hanter les mémoires, l'heure est plutôt à la redécouverte du vivre ensemble. Reste à constater que, réduites à l'état de reliques, les minorités ne constituent plus, bien souvent, qu'une simple présence de témoignage.
-
Révoltes et révolutions dans l'Europe moderne (XVIe-XVIIIe siècle)
Yves-Marie Bercé
- Cnrs
- 16 Novembre 2012
- 9782271076649
-
Syrie ; anatomie d'une guerre civile
Adam Baczko, Gilles Doronsorro, Arthur Quesnay
- Cnrs
- 6 Mai 2016
- 9782271091666
Voici la première étude de terrain consacrée à la guerre civile en Syrie, des premières manifestations pacifiques jusqu'aux affrontements actuels. Nourri d'entretiens menés avec les syriens eux-mêmes lors de trois séjours prolongés, cet ouvrage est une véritable plongée dans l'enfer syrien.
En 2011, le mouvement de protestation, dont est issue l'insurrection, tendait à l'origine à inclure des groupes minoritaires divers. Mais la formation de groupes politico-militaires à partir de 2012-2013 rompt cette logique inclusive. L'insurrection se différencie politiquement avec une polarisation croissante entre les groupes les plus radicaux et les groupes issus de l'Armée Syrienne Libre. Alimentée de l'extérieur, cette politisation opère selon deux registres, l'islam politique sous ses différentes formes, et notamment celle du califat, et le communautaire, dans le cas des enclaves kurdes du PKK.
Quels sont les effets de la guerre sur la société syrienne ? Quelles nouvelles hiérarchies communautaires et sociales résultent de la violence généralisée? Comment les trajectoires sociales des Syriens pris dans la guerre sont-elles affectées ? Comment se structure l'économie de guerre alors que le pays est divisé entre le régime, l'insurrection, le PKK et l'Etat islamique ?
Un livre unique qui combine une recherche de terrain - rare sur le conflit syrien - et une réflexion pionnière sur l'émergence de l'Etat islamique.