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Croquant
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Qu'est-ce qui dans nos vies nous amène à entretenir une participation active à notre propre asservissement ? Le talent de l'auteur est d'être à hauteur de scènes familières. A contre courant des analyses sur les résistances individuelles et collectives pour l'émancipation, Simon Lemoine propose de mettre à découvert les étayages qui participent à la fabrique du dévouement, des bancs de l'école, au travail salarié usé par les pratiques du new management enrôlant le salarié à sa propre surveillance ou à une disponibilité toujours accrue. Ainsi que le dévouement soit exploité ou simplement suscité, la perte de la libre disposition de son usage demeure bien l'expérience quotidienne d'une dépossession.
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Réenchanter le monde ; pouvoir et vérité ; essai d'anthropologie politique de l'émancipation
Fabrice Flipo
- Croquant
- 6 Avril 2017
- 9782365121057
La fin du marxisme en tant qu' « horizon de notre temps » a ouvert une période souvent appelée « postmoderne » caractérisée par une prolifération d'approches ayant souvent en commun une défiance envers toutes les formes de totalisation, en raison d'un lien supposé avec le totalitarisme. Cette période couvre approximativement les années 70 à 2000. On observe alors un attrait renouvelé de la synthèse, pour diverses raisons : l'expérience totalitaire n'est plus aussi centrale, pour les nouvelles générations ; la multiplication des approches et la déconstruction généralisée a aussi fait perdre le sens global de notre époque, débouchant sur ce qu'Alain Caillé a appelé le parcellitarisme ; l'émer- gence des anciens pays en développement sur la scène internationale apporte un regard neuf et partiellement extérieur à l'Occident mettant en lumière ce que cette zone culturelle a de particulier, mettant à mal l'universalisme revendiqué.
Un travail antérieur sur l'écologisme nous avait amené à questionner l'enjeu de l'émancipation sous un angle décalé, par rapport aux deux grandes idéologies de référence en la matière que sont le libéralisme et le marxisme. Nous avions en particulier mis l'accent sur le rapport ambigu entre science et religion. Les écologistes accusent les modernes de religio- sité et de foi dans le progrès, et en retour les modernes accusent les écologistes de comportement religieux. La question s'était déjà posé à propos du marxisme : est-il une foi ? Comment peut-il être à la fois une foi et une science ? N'est-ce pas plutôt le libéralisme qui entretient une confiance toute religieuse dans son ordre propre (thème du fétichisme) ?
Nous avions été à esquisser un cadre théorique s'appuyant principalement sur Sartre et Whitehead, principalement la Critique de la Raison Dialectique (1960) et Processus et réalité (1929), avec quelques autres auteurs comme Serge Mos- covici ou Ernesto Laclau.
Le projet de ce nouvel ouvrage est à la fois de proposer un bilan synthétique de la question de l'émancipation, à l'époque de la mondialisation et de la crise écologique. Il procède en trois étapes : un bilan du libéralisme, dans sa critique du conservatisme (thèse) ; un bilan des marxismes et post-marxismes, dans leur critique du libéralisme (antithèse) ; et une troisième partie de synthèse, se situant dans le prolongement théorique de l'ouvrage sur l'écologisme, où nous proposons de réarticuler des concepts tels que religion, politique, science, culture et sacré, afin d'éclairer d'un jour nouveau la question de l'émancipation.
Notre analyse tourne autour de la difficulté que rencontrent les sociétés à maîtriser ce que Sartre appelle le quasi-souverain, qu'il faut entendre au sens général d'une asymétrie entre individus, quant à la praxis. Le quasi-souverain est « le pouvoir », au sens commun du terme. Il se manifeste par sa capacité d'engendrer « l'obéissance » ou plus simplement de bloquer les alternatives à la synthèse qu'il propose - ou impose. Nous soutenons qu'il s'agit de la forme générale de l'alié- nation, dont le conflit entre capital et travail est un cas particulier. Nous proposons une réinterprétation de différents concepts : autorité, communauté, domina- tion, pouvoir notamment. Les conclusions auxquelles nous aboutissons rejoignent Gramsci et d'autres pour qui l'émancipation réside dans le fait d'agir en vérité, cette vérité étant ce qui fait autorité, collectivement, et génère un ordre concret qui est celui de la liberté.
Quels sont les enjeux ? Ils sont nombreux, citons-en quelques-uns :
- la mise en évidence de la centralité et en même temps de l'ambiguïté de ce que Sartre appelle le « quasi-souverain », habituellement qualifié de « pouvoir », fournissant une nouvelle interprétation de la « servitude volontaire » ;
- une définition précise des rapports entre science comme domaine de l'expérience et au moins trois manières de comprendre le religieux, suggérant quelques explications concernant le caractère inévitablement millénariste des mouvements révolutionnaires (la raison doit errer pour être créatrice) ;
- insistance notamment sur la Philosophie de la Nature de Hegel, en tant qu'elle porte le moment romantique de la création radicale (« divine »), et non pas le moment du déterminisme comme on le pense trop souvent en sciences humaines ;
- l'ouvrage montre l'ambiguïté de la science, qui peut être émancipatrice mais aussi castratrice, en tant que l'expérience, c'est aussi le passé, qui nie qu'il puisse y avoir création véritable (pas de « miracle », « there is no alternative », répétition du même cadre, qui discipline le changement) - la réhabilitation d'une sorte de droit à l'expérimentation tous azimuts, contre les pensées « réactionnaires de gauche » ou d'extrême-gauche, dont les pratiques autoritaires ne sauraient être émancipatrices ;
- une réinterprétation du totalitarisme et des dérives post-révolutionnaires, sans condamnation des luttes révolutionnaires (au contraire) ; une réinterprétation des différentes positions marxistes, entre le 19e et le 20e siècle, par rapport à la « prise de pouvoir », leurs forces et leurs faiblesses ;
- une ontologie sociale postmoderne mais pas relativiste, ou plus exactement a-moderne, tiers- mondiste, prenant acte de la sociologie des sciences, des théo- ries de la reconnaissance, de la lutte des classes mais articulant de tout dans un cadre conceptuel unique. C'est une partie d'un travail plus large étayé notam- ment sur une connaissance de l'Inde qui reste implicite dans cet ouvrage mais sera explicité dans un autre à venir sur Louis Dumont (rédaction largement achevée) ;
- une explication du recours constant, en philo politique, à l'état de nature ;
- identification du conservatisme, qui est le véritable adversaire de l'émancipation, le libéralisme pouvant être un allié de circonstances (le libéralisme pouvant aussi être conservateur).
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Le sens et de la valeur des oeuvres philosophiques, comme de tous les autres biens culturels, dépend, pour partie, des conditions de leur réception et de leur circulation parmi une multitude de lecteurs et d'interprètes. Ce commerce des oeuvres philosophiques donne lieu à des affrontements pour la définition de la pensée «authentique» d'un auteur et, plus encore, pour le monopole de la lecture légitime. Les importations et exportations de textes et d'auteurs entre pays mais aussi entre disciplines constituent des situations quasi expérimentales pour l'observation de ces luttes symboliques.
Les contributions réunies dans ce volume étudient des cas particulièrement éclairants de ce commerce national et international des idées philosophiques. Comment des figures majeures comme Kant, Nietzsche, Wittgenstein ont-elles pu migrer, revivre ou renaître ? Comment l'importation a-t-elle pu servir, dans certains cas, des visées politiques ? Pourquoi certains importateurs font-ils un retour à Simmel et Tarde ? En quoi consiste l'importation de produits postmodernes de prestige dans un pays et une discipline dominés ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans cet ouvrage où l'érudition n'a pas d'autre fin que de contribuer, grâce à l'angle choisi, à une sociologie des oeuvres philosophiques et, par là, à celle des biens culturels.
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Philosophie marxiste et histoire de l'art ; introduction, évolution, terminologie
Boris Röhrl
- Croquant
- 3 Janvier 2017
- 9782365121095
Cette introduction à l'histoire de l'art marxiste a pour ambition d'être un petit livre de référence.
On peut le lire de façon linéaire, chapitre après chapitre, mais aussi le consulter ponctuellement pour se renseigner sur un sujet particulier. L'auteur s'est efforcé d'éviter les termes ambivalents, mais ce ne fut pas toujours possible. C'est pourquoi il a placé à la fin du livre un lexique terminologique qui définit certains termes spécifiques.
Cet essai résulte d'une longue controverse pendant laquelle presque tous les aspects du manuscrit ont été critiqués. On lui a reproché de ne pas être marxiste, et, en effet, il ne l'est pas : un texte scientifique n'est pas un pamphlet politique ; il doit s'en tenir aux faits, de façon à ce que des lecteurs ayant des points de vues très différents puissent y avoir accès.
Un second malentendu a concerné la nature de ce manuel, qui s'intéresse à la relation qu'entretient le marxisme classique avec l'histoire de l'art. Il n'a pas pour ambition de se confronter au vaste sujet de la théorie critique ou à d'autres courants apparentés, et il n'a pas pour objet le non moins vaste sujet de la théorie de l'art. Au fil des discussions, l'auteur a pris conscience de la multiplicité des courants marxistes contemporains, qui diffèrent entre eux mais aussi selon les pays. La majorité de ces courants ne sont pas issus du mouvement ouvrier du XIXe siècle.
Aujourd'hui, les différentes directions inspirées du marxisme semblent ne plus avoir aucun dénominateur commun.
L'auteur a néanmoins tenté d'établir une brève bibliographie internationale en ne retenant que quelques noms. Cette liste s'inscrit dans un canon plus ou moins accepté et donne un aperçu de l'évolution du marxisme dans le domaine de l'histoire de l'art jusqu'à la fin du XXe siècle. Elle offre le plus petit dénominateur commun rendu possible par une perspective internationale. Ce manuel n'aborde qu'un nombre limité de sujets. L'objectif consistait à exposer ces points de façon claire et logique.
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Marx est pour les uns le nom d'une antiquité politique, pour les autres celui d'un aveuglement collectif, pour d'autre enfin celui d'un système totalitaire meurtrier, et pour quelques-uns encore celui d'un maître à penser. Pourtant, aucune de ces étiquettes n'existerait si Marx n'était pas d'abord l'auteur du Capital. Faire de Marx un vestige, une injure ou un credo, c'est dans tous les cas se dispenser de lire son oeuvre.
Le cliché d'un Marx dépassé a gagné les partis socialistes européens qui ont cru conquérir leur modernité en revendiquant un " droit d'inventaire ". Des analyses de Marx, lesquelles sont-elles périmées ? Y en a-t-il qui ont gardé leur actualité ? Lesquelles ? Aucune ? Il semble que l'on ait relégué Marx au musée sans l'avoir lu. Car sitôt que l'on se guérit, par la lecture des textes, du marxisme à la petite semaine, c'est bel et bien la question de savoir quelle analyse marxienne n'est pas actuelle qui s'impose.
L'essentiel des problèmes du monde actuel y est traité. En voici un aperçu. Mêlant textes théoriques et analyses issues d'enquêtes de terrain, cet ouvrage montre l'ampleur et la variété des formes contemporaines d'expressions du mépris de classe, fonction du contexte considéré et des fractions de classes en présence. C'est bien souvent le monde du travail qui lui donne sens, lorsque des frontières établies sont remises en question et qu'il faut réaffirmer une hiérarchie.
Car au-delà, c'est lorsqu'un dominant se sent en danger qu'il rompt, par le mépris de classe, avec l'euphémisation usuelle de l'ordre des choses.
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Immobile, la folie est une recherche sur la petite et la grande histoire qui n'intéresse pas souvent leurs soignants. Dans ce livre, le philosophe Wittgenstein intervient comme principal acteur de cette investigation des psychoses. À une époque de banalisation des traitements de choc, parfois avec la complicité de la psychanalyse, il réveille les échos des grands thérapeutes du XXe siècle qui ont défendu la parole de la folie, au siècle des totalitarismes, grâce à l'outil du transfert et à l'implication du therapôn, le second au combat.
Cette voix de Wittgenstein continue d'interférer pour nous rappeler que, en dépit des diagnostics pessimistes pour les personnes atteintes de troubles de la personnalité, il est possible de remettre le temps en marche avec l'espoir de s'émanciper des discours qui effacent les traces et les sujets.
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Les conceptions de la critique et de l´émancipation d´Adorno servent à l´auteur de base pour mieux comprendre la situation sociale contemporaine, surtout en France, et ses avenirs possibles, sans se perdre dans une exégèse des théories de Theodor W. Adorno.
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Ce ne sont pas seulement les contenus de la pensée, mais ses formes mêmes qui trouvent leur origine dans l'organisation sociale de la production matérielle. Les débuts de la logique dans le Monde grec antique sont liés à l'apparition des premières pièces de monnaie. L'a priori dont parlait Kant était la forme-marchandise. Telles sont les théories novatrices que Sohn-Rethel a proposées dès les années 1930, à contre-courant de toute la tradition philosophique, mais aussi du marxisme traditionnel. Elles ont influencé profondément les débuts de l'« École de Francfort », mais leur auteur a payé avec une longue marginalisation. Cette première traduction française de trois de ses essais comble non seulement une lacune majeure dans la connaissance de la pensée critique allemande à son âge d'or, mais elle offre également les jalons pour élaborer aujourd'hui une épistémologie basée sur la théorie de Marx, dans le cadre d'une critique radicale de l'abstraction sociale, du marché et de la marchandise qui nous gouvernent.
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Essais pour une culture du futur
André Tosel
- Croquant
- Enjeux Et Debat
- 18 Septembre 2014
- 9782365120555
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Émancipations aujourd'hui ? ; pour une reprise critique
André Tosel
- Croquant
- Enjeux Et Debat
- 17 Août 2016
- 9782365120920