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Favre
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La vie de Charles-Frédéric Brun commence par une grande plage blanche de trente-neuf ans. Il serait né à Colmar de parents inconnus en 1804 ou 1811. Sans acte de naissance, un personnage est exposé, la fiction peut le saisir comme la mort saisit le vif. Les auteurs ont choisi 1804.
Ses dons le prédestinaient à devenir un artiste de l'image. Avec le retour de la royauté et le pouvoir restauré de l'Eglise à cette époque, l'imagerie religieuse offre le débouché le plus sûr pour un jeune talent.
Il exerce en Alsace, plus loin dans la vallée du Rhône et peut-être jusque dans le Midi, une vie ambulante d'imagier qui migre aux beaux jours vers les lieux de pèlerinage bien achalandés. Sur les chemins, il se dira qu'il « aurait » tué son capitaine. Il quitte la France pour rejoindre l'abbaye de Saint-Maurice, en Suisse, où des chanoines l'attendent.
On lui propose alors à lui, le lettré, d'apprendre à lire et à écrire aux analphabètes des vallées. Mais jamais il ne fera un bon maître d'école. Sa mission est celle d'un imagier de Dieu. La présence de cet étranger ne passe pas inaperçue dans la région, des gendarmes sont à la trousse du proscrit français. Il fuit en Savoie, sans laisser de trace pendant plusieurs années. C'est à l'automne 1846 qu'il réapparaît, amaigri.
En possession de couleurs et de papier, le temps est venu pour lui de commencer sa mission. Il mendie sa nourriture qu'il paye en retour avec des images inspirées par le Très-Haut. Plus tard, il acceptera d'entrer chez ceux qui les lui commandent pour les réaliser plus à son aise. Il devient peintre mural et peintre de chapelle. Les gendarmes le recherchent toujours, mais il est sous la protection des autorités religieuses. Tout le monde a beaucoup d'admiration pour lui.
L'homme a aussi d'autres talents. Il connaît la vertu des plantes. Improvisé médecin de campagne, il soigne ses «patients» avec une pharmacopée bien à lui. Durant plus de vingt ans, il sillonne les bois et les vallées, de village en village. Il meurt en 1871 à 67 ans, après une vie de sacrifice qu'il s'est lui-même infligée.
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Fin du XIXe siècle, le nom de Farinet, faux-monnayeur, est familier de tous. Il est le hors-la-loi le plus connu de Suisse. Son nom accompagné d'un avis de recherche est placardé partout. Mais il n'est pas qu'un bandit, il est également le héros de toute une région. Perçu par le plus grand nombre comme un robin des bois, il recueille de l'or dans les montagnes et, du précieux métal, il fabrique des pièces qu'il écoule sans peine dans la vallée, créant ainsi une économie parallèle. Dès lors, les autorités veulent la peau de l'anarchiste aux cheveux rouges à n'importe quel prix. Le destin de cet homme, rebelle à toutes lois humaines, semble joué.
« Historiquement, Farinet porte en lui les ingrédients qui font les héros populaires : la jeunesse, la beauté, l'argent, l'aventure, la passion, la générosité, le défi lancé à la loi dans ce qu'elle a d'impitoyable. Pour couronner le tout, l'homme se paie le mystère de la mort, laissant croire qu'il est tombé en martyr, « sous la balle des flics ». On ne peut rêver mieux. Le plus difficile est de réussir sa mort. Farinet a réussi la sienne, donnant ainsi naissance au mythe.
Si on devait lui reconnaître un seul mérite, ce serait celui d'avoir assumé sa marginalité. Farinet reste celui qui a osé aller jusqu'au bout de lui-même. » Bien qu'étant inspirée de faits réels, cette histoire n'en demeure pas moins une fiction.