Le fabuleux destin de Mme de Maintenon n'a pas échappé à ses contemporains pas plus qu'à ses biographes. Par sa réussite sociale inouïe, par le projet éducatif de Saint-Cyr, par les nombreux textes conservés (correspondance, théâtre pédagogique, entretiens, instructions, carnets secrets...), Mme de Maintenon se révèle une personnalité d'exception et une femme d'influence dont le sillage historique a durablement marqué l'imaginaire français et continue de fasciner.
Sans espérer percer le secret qu'elle a patiemment construit autour d'elle, cet ouvrage tente, en revalorisant en Mme de Maintenon la femme politique comme la femme de lettres, d'en circonscrire les limites. Il s'inscrit ainsi dans le mouvement actuel pour faire sortir les femmes de l'ombre (et parfois de l'invisibilité) où l'histoire les a souvent tenues.
L'oeuvre de Foucault, des années 1970 jusqu'à sa disparition en 1984, fut marquée par la critique d'un concept freudien central : le "complexe d'Oedipe". Contre le prétendu universalisme intemporel de ce concept, le philosophe se donne une double tâche : situer historiquement l'émergence de la prohibition de l'inceste et celle du concept freudien.
La critique foucaldienne se veut radicale, néanmoins elle soulève une difficulté de principe que cet ouvrage explore : comment lutter si vigoureusement contre le "complexe d'Oedipe" sans citer celui qui formula ce concept ? La radicalité de la critique de Foucault aurait impliqué, d'une part, un certain éloignement des psychanalystes de ses travaux et, d'autre part, que ses lecteurs prennent une certaine distance quant à la théorie freudienne.
Afin de dégager les modalités et les formes de cette opération de lecture qu'on peut qualifier d'"effacée", on abordera la logique négative des principales références foucaldiennes au "complexe d'OEdipe". Ainsi, plutôt que de se demander comment son écriture s'articule avec celle de Freud, on se demandera comment elles ne s'articulent pas, et ce qu'il en est de leur rapport intertextuel négatif.
L'influence de la pensée de Claude Lévi-Strauss sur l'oeuvre de Jacques Lacan n'est plus à démontrer. Quelques auteurs se sont déjà penchés sur la question, en mettant en rapport tantôt les sources directes qui ont inspiré Lacan dans sa définition formelle de l'inconscient freudien - qui doit tout à la notion de structure -, tantôt des indices plus hypothétiques, présents de manière éparse dans l'oeuvre du psychanalyste. Il y a ainsi une dette que Lacan reconnaît lui-même à plusieurs reprises, mais il y aurait aussi des références plus cachées à dévoiler. Ainsi, on pourrait supposer un art d'écrire chez le psychanalyste où la dette à l'égard de Lévi-Strauss serait à peine avouée, voire intentionnellement dissimulée.
Cet ouvrage suit une autre voie qui ne cultive aucune ambiguïté : Lacan a une dette envers Lévi-Strauss et elle passe par un exercice de formalisation très puissant, qui va parfois bien au-delà des attentes (voire des souhaits) du même Lévi-Strauss. Cela produit le paradoxe suivant : à maintes reprises, le psychanalyste expliquerait et appliquerait mieux que l'ethnologue certaines de ses prémisses formelles.
Ce travail de recherche mené depuis vingt ans est issu de l'examen minutieux des manuscrits du fonds Lévi-Strauss de la Bibliothèque nationale de France et s'appuie sur une correspondance, brève mais précieuse, que l'auteur a entretenue avec l'ethnologue entre 2000 et 2007. Un riche entretien avec Monique Lévi-Strauss à propos de ces deux grands auteurs français du XXe siècle complète l'ensemble.
Parallèlement à son activité d'écrivain, l'illustre auteur des Mémoires d'outre-tombe a assumé des responsabilités politiques et diplomatiques très importantes. Or, il était injuste que cette dimension de la vie de Chateaubriand demeurât méconnue ou fragmentaire, car elle est aussi passionnante que l'oeuvre de l'écrivain. Surtout, son action d'homme d'État résonne tout particulièrement de nos jours, tant il n'eut de cesse de défendre les libertés individuelles, la liberté d'expression, ainsi que l'unité et la sécurité de la France. C'est ce qu'a mis au jour Agnès Kettler en explorant les Archives diplomatiques de La Courneuve et du Quai d'Orsay. Richement illustrée, cette exploration dans le passé de l'écrivain diplomate est d'une insolente actualité.
Le lecteur trouvera dans cet ouvrage une synthèse de recherches universitaires internationales qui définit le harcèlement moral et identifie les facteurs organisationnels, psychosociaux, ainsi que les caractéristiques des harceleurs et de leurs victimes. Sont aussi mis au jour les jugements induits par les situations de harcèlement et les facteurs d'organisation cultivant le harcèlement.
Malgré l'expérience que l'humanité a faite du confinement dans le contexte de crise sanitaire, elle continuera très probablement à vivre dans des espaces urbains plus ou moins denses. Mais les villes seront-elles telles qu'on les imagine, avec leur centralité, la concentration des fonctions et leur périphérie ?
Éléments de réponse dans cet ouvrage, organisé autour d'un glossaire et d'entretiens avec des chercheuses et des chercheurs de différents horizons disciplinaires, mais qui n'en partagent pas moins un point commun : ils oeuvrent avec la nouvelle Université Gustave Eiffel, qui a vocation à contribuer à une meilleure connaissance des "villes de demain", de leurs défis et des manières d'y faire face.
Avec le soutien de l'Université Gustave Eiffel, la Comue université Paris-Est.
Cet ouvrage est une ample publication de sources sur Anne de Bretagne, dont beaucoup sont inédites : toute la correspondance retrouvée (active et passive, de la duchesse et de la reine) complétée par plusieurs documents fondamentaux. La datation des missives restitue le contexte historique et l'identification des personnages informe sur les réseaux personnels de la reine. En outre, la reconstitution de ses nombreuses pérégrinations démontre la grande mobilité de cette femme, révélatrices de son tempérament et de ses motivations : une extrême énergie, la piété et les pèlerinages et un amour conjugal dont témoignent aussi les ambassadeurs italiens.
Les premières lettres précisent l'extraordinaire agentivité par laquelle la fillette de 11 ans a pris son destin en main, repoussant le grand baron avec lequel ses proches voulaient la marier. La correspondance éclaire le rapport au pouvoir monarchique qui, s'agissant d'une femme, prend une importance exceptionnelle du fait de son double statut : reine et duchesse souveraine. La reine va jusqu'à conduire une "diplomatie épistolaire" ; son amitié constante pour la maison d'Autriche avait pour but d'assurer la paix dans la chrétienté.
Cet ouvrage invite à une lecture critique de la philosophie de Gilles Deleuze en reconstituant le système perspectiviste qui le sous-tend. La thèse qui est défendue est qu'on ne peut comprendre le "perspectivisme" deleuzien qu'au regard de sa théorie de la "structure Autrui", c'est-à-dire de son analyse des interactions avec l'autre. C'est le cas des premiers écrits de Deleuze, marqués par l'influence de Sartre et de Ferdinand Alquié, jusqu'à des textes plus tardifs, coécrits avec Félix Guattari.
Chaque fois, l'autre est défini comme "l'expression d'un monde possible", c'est-à-dire comme celui qui perçoit ce que je ne perçois pas moi-même. C'est ce qui justifie une redéfinition d'autrui en termes de "disjonction de perspectives" ou de "perspective alternative". Afin d'évaluer l'intérêt d'une telle redéfinition, l'auteur présente d'abord le système perspectiviste deleuzien à partir de la théorie de la "structure Autrui" qui le sous-tend. Puis il évalue les apports théoriques de ce modèle - que ce soit par rapport à un certain nombre de références canoniques ou en discutant les principaux commentateurs du corpus deleuzien, dans le champ francophone et anglo-saxon. Enfin, il articule la théorie deleuzienne aux différentes approches contemporaines qui se revendiquent de la notion de "perspectivisme" pour en indiquer à la fois les points de contact et d'incompatibilité.
Qui est Henri Galli ? Ancien des combats politiques de la IIIe République, journaliste, homme de gauche, patriote, populaire, élu de Paris depuis quinze ans, député en 1914, il est aussi bien témoin qu'acteur de la tragédie de 14-18. L'édition de ces deux volumes de son Journal constitue un événement éditorial car, durant cinq années, il note - à la volée mais avec une rare lucidité - tout ce qu'il observe sur des feuillets, qui, réunis ici, constituent un témoignage d'un réalisme saisissant où le lecteur trouvera, plus de cent ans plus tard, bien des interrogations hélas cruellement contemporaines.
Journal d'une grande acuité et étonnamment prémonitoire sur les conséquences politiques et diplomatiques de la Grande Guerre, ces pages sont aussi parsemées de réflexions sur la société qui en font à la fois un puissant récit historique et une méditation constante sur la condition humaine. Il ne fait aucun doute que le lecteur partagera le même sentiment que le président de la République Raymond Poincaré lorsque celui-ci écrit à son "cher député", après la parution en 1917 de son livre La guerre à Paris : "Vos récits sont pleins de vie et de couleur. Je vous félicite sincèrement de ces pages d'histoire... Vous allez me condamner au silence si mes lettres et mes conversations risquent de figurer, dans leur déshabillé, au rang de vos souvenirs..."
« Les géants de la littérature du dix-neuvième siècle sont venus à Marseille poussés par un rêve. La fortune, l'amour, le voyage, les mythes orientaux, la civilisation méditerranéenne, tout prétexte était bon pour mettre le cap sur le Midi et découvrir des horizons nouveaux. Et la littérature, toujours, sort gagnante de l'expédition ; les écrivains ont pour la plupart les poches vides, mais repartent de l'escale phocéenne la tête pleine. » Stendhal, qui n'est encore que le jeune Henri Beyle, fut le pionnier. Après lui, tous y viendront : l'immense Balzac, mais encore Dumas, Nerval, Hugo, Sand, Flaubert, Zola, Maupassant... Chacun avec son fantasme, chacun avec son idée en tête, chacun avec ses bonnes surprises et ses mauvaises fortunes. Marseille s'ouvre à toutes les voix et influence toutes les oeuvres.
Une promenade littéraire éblouissante dans le sillage des plus grands écrivains, au coeur de la ville des espoirs les plus fous.
La participation des femmes étrangères durant la guerre civile (1936-1939) - et notamment celles qui s'engagèrent dans les Brigades internationales pour défendre la République et combattre le fascisme - n'avait fait l'objet jusqu'à présent que de très peu de travaux historiques. Il s'agit pourtant d'une dimension majeure de l'histoire de l'antifascisme et des engagements internationalistes féminins. À l'initiative de l'ACER (Amis des combattants volontaires en Espagne républicaine) et de partenaires institutionnels et universitaires, l'ouvrage ¡Solidarias! met en valeur cette mobilisation solidaire, humanitaire, militaire et sanitaire de centaines d'étrangères.
Que la raison, cette cloche marquant l'heure de la vie intérieure et dictant la marche de la pensée, puisse en arriver à se dérégler, telle est une inquiétude qui n'affecte pas de manière significative les fondements cartésiens de la pensée moderne, ni le rationalisme des Lumières. Mais elle gagnera avec le temps une ampleur et une insistance croissantes sous la surface d'une foi régnante dans les principes rationnels, et elle sera diversement mise au jour à partir des successeurs de Kant, du début du XIXe jusqu'au milieu du XXe siècle. Cette inquiétude deviendra même un thème fondamental et travaillera nombre de pensées. Les causes du dérèglement de la pensée pourront varier d'un auteur à l'autre : la vérité, la raison, la théorie, l'idéalisme ou la métaphysique sont des idéaux philosophiques jugés tour à tour obsolètes, illusoires ou sources d'égarement. On tentera de s'en défaire, on cherchera en quelque sorte à en expurger la pensée. Les quatre auteurs convoqués dans notre étude - Edmund Husserl, Henri Bergson, Ernst Cassirer et Martin Heidegger - se sont confrontés, au début du XXe siècle, à cette question, et c'est leur lutte que nous prenons pour objet de réflexion.
Une histoire du peuple de Bretagne, de la Préhistoire à nos jours.
Les histoires de Bretagne ne manquent pas... Mais celle-ci adopte un point de vue inédit : celui des paysans, des ouvriers, des marins, celui des hommes et des femmes sans histoire, sans papiers. Elle porte attention aux plus humbles, pas seulement aux puissants; s'intéresse à la vie concrète et aux rêves qui s'y enracinent, pas seulement aux couronnements et aux batailles ; risque d'autres chronologies; ruine quelques évidences...
La crise économique de l'âge du fer, l'arrivée des Bretons en Armorique, la condition paysanne pendant la féodalité, la révolte des Bonnets rouges, la traite négrière, la Révolution et la Chouannerie, le développement du chemin de fer, l'émigration bretonne, la Grande Guerre, la Résistance, la crise du modèle agricole breton, Notre-Dame-des-Landes... Autant de moments de notre histoire examinés d'un oeil neuf.
Émergent ainsi de nouvelles figures, émouvantes ou pittoresques, jusque-là noyées dans l'anonymat des siècles. Et de nouveaux sujets : manger à sa faim, lutter pour sa dignité, découvrir de nouveaux horizons, accéder au savoir, devenir citoyen...
Pas de jargon, un rythme de lecture facile : cette histoire a été rédigée avec le souci de s'adresser au plus grand nombre tout en obéissant à la rigueur du métier d'historien.
Ce livre a été rédigé par trois historiens et un journaliste : Alain Croix, Thierry Guidet, Gwenaël Guillaume et Didier Guyvarc'h.
Ils sont les auteurs de nombreux autres ouvrages dont, chez le même éditeur, l'Histoire populaire de Nantes.
Hobbes, philosophe anglais contemporain de Descartes, Pascal et Spinoza, est surtout connu pour sa philosophie politique et sa théorie du contrat social. Si, comme le soutient Hobbes, l'état de nature est un état de guerre de chacun contre chacun, on comprend qu'il est plus sage de renoncer à ses droits individuels en les confiant à une seule instance, le Prince, à condition que tous fassent de même et simultanément. C'est donc le Prince qui concentre les pouvoirs et assure l'ordre et la sécurité. Mais se pose alors, en régime chrétien, la question du rapport entre la souveraineté politique et le pouvoir religieux. Comment articuler ces deux pouvoirs ? Le salut se réduit-il à la paix civile, à la prospérité et à la sécurité ? Où et quand se situe le Royaume des cieux et comment y entrer ?
Ces questions, décisives en régime chrétien, font l'objet des dernières parties du Citoyen et du Léviathan, souvent négligées. Pourtant elles rejoignent des interrogations contemporaines analogues dans d'autres courants religieux, par exemple dans l'islamisme qui entend faire de la loi religieuse, la charia, la loi civile.
Ce livre, qui reprend un cours pour les étudiants de philosophie et la traduction du chapitre XIV du De Homine, entend donc présenter et élucider la conception hobbesienne de la religion, exposer certaines critiques et montrer comment l'affirmation du caractère indivisible de la souveraineté conduit à passer du magistère spirituel à l'obéissance à la loi civile, confortée et nourrie par une médecine de l'âme.
Nées à un peu plus de trente ans d'écart, schizophrénie et autisme sont des entités qui ont durablement marqué la psychiatrie. L'autisme infantile est devenu, au détour du XXIe siècle, le trouble prévalent dans notre société. Il en va ainsi des "progrès" de la psychiatrie ; mais pour un trouble qui entrave l'usage du langage, le fait que l'information et la communication marquent notre époque n'est pas anodin. La nomination même de syndrome autistique de l'enfant a créé une ambiguïté en faisant référence à un terme forgé pour la schizophrénie. Par ailleurs, la problématique de la conception du terme de psychose a aussi concouru à favoriser cette confusion. Nous rappelons ici cette histoire et celle de la lente séparation de ces classifications, ainsi que la place des différents acteurs.
Le 8 février 1971, Michel Foucault cosignait, avec Jean-Marie Domenach et Pierre Vidal-Naquet, le Manifeste du Groupe d'information sur les prisons (GIP). La première phrase avait des allures d'avertissement : "Nul de nous n'est sûr d'échapper à la prison". Il s'agissait de rendre visible ce qui se passait derrière les "hauts murs". Depuis, recherches et travaux historiques se sont déployés, s'interrogeant sur le droit de punir et la généralisation de l'enfermement. La nuit pénitentiaire restitue la naissance d'un modèle carcéral français au XIXe siècle. La pénalité de l'enfermement y apparaît comme la seule solution pour réprimer les auteurs de délits et de crimes, très majoritairement masculins. Tandis que l'opinion publique se désintéresse de la prison, jamais autant de détenus n'ont été comptabilisés en France aujourd'hui, alors que la décroissance pénale est attestée dans les prisons carcérales scandinaves.
Avec ce dossier, Parlement[s] analyse tant les pratiques et discours d'une société punitive, que ses cibles, en particulier les mineurs. Il s'invite dans des prisons régionales pour mieux cerner la population qui s'y trouve resserrée. En commentant des périodiques spécialisés comme Détective, des caricatures, des dessins de presse ou la une de journaux populaires, il n'ignore pas, enfin, l'imaginaire qui est colporté sur la nuit pénitentiaire.
Quels types de sociétés et d'organisations du territoire ont-ils précédé l'État en Europe de l'Antiquité au XXe siècle ? Cet ouvrage s'efforce de répondre à cette question en s'appuyant sur des exemples précis et en utilisant des comparaisons extérieures à l'Europe. De petites unités territoriales, en général gérées par groupes de parenté (tribus et clans) ou des associations de voisinage, dans lesquelles des hommes libres, propriétaires et guerriers représentaient la majorité de la population, semblent avoir constitué un type fréquent. Des différences sociales plus ou moins importantes existaient entre ces derniers, mais des formes de démocratie primitive se rencontraient aussi, et la vengeance par le sang était un droit souvent reconnu aux membres de ces groupes. L'acquisition du monopole de la violence dite "légitime" par les États fut un aspect important de la transformation de ces sociétés, qui se traduisit aussi par des transformations dans les territoires. Mais des éléments de ces formes anciennes d'organisation de la société et du territoire subsistèrent parfois longtemps dans des États déjà organisés. Cet essai met aussi en perspective certains points de vue récents sur la classification des sociétés et leur évolution, et contribue au débat actuel sur les fondements de l'identité européenne.
Pendant des siècles, l'Asie Mineure et l'Anatolie ont constitué l'horizon oriental du monde grec. À partir de 334 av. J.-C., la conquête menée par Alexandre et les Macédoniens change brutalement la donne. Cette région complexe, composée de sous-ensembles aux identités géographiques et culturelles affirmées, devient alors durablement une sorte de pont intérieur entre l'Égée et la Méditerranée orientale et, au-delà, la Mésopotamie et le monde iranien. Mais à partir de la mort d'Alexandre en 323, elle devient aussi un lieu privilégié de l'affrontement entre ses successeurs et, ainsi, un espace de légitimation des ambitions des différents acteurs, notamment celles d'Antigone le Borgne. Dans le demi-siècle qui court des années 320 à 270, en raison de sa grande diversité territoriale et politique comme de son caractère stratégique, elle est aussi un espace essentiel d'expérimentation de ces formes inédites de domination que sont les pouvoirs royaux hellénistiques. Ce sont alors de nouvelles modalités de relations avec les communautés locales qui sont inaugurées, par tâtonnement, de nouveaux types d'espaces urbains qui se diffusent, de nouvelles conceptions des territoires royaux qui s'affirment, mais aussi de nouveaux réseaux d'échanges et de mobilité qui émergent. Dans ce processus, les rois et les dynastes ne sont pas les seuls à agir, et il faut rétablir le rôle des acteurs locaux, notamment les cités, dans ce processus complexe d'invention du monde hellénistique dans lequel la péninsule anatolienne occupe une part essentielle.
L'empire romain objet historique occupe le c½ur du volume dont les trente-cinq chapitres ont été classés suivant une progression thématique s'étendant du « très visible » au moins visible voire à l'invisible qu'il faut dévoiler. L'épigraphie funéraire propose des champs de recherche presque vierges quand on cesse de l'aborder sous le seul angle de la romanisation. La mise à distance du monde romain offre l'occasion de regarder la discipline et ses tendances dans le but de redonner de l'élan et de l'intérêt à la période romaine confrontée à une « cohabitation » fluctuante avec les archéologues. Les espaces provinciaux de l'occident romain sont comme naturellement privilégiés et les apports des provinces ibériques, incontestables, soulignent un profond renouvellement des perspectives en Espagne et au Portugal. Les études d'histoire militaire indiquent un intérêt continu pour ces sujets. Les recherches sous une forme synthétique consacrées au monde municipal puisent intégralement dans la documentation ibérique et les articles sur les magistrats et les décurions avaient été accueillis avec faveur. On note également que des formulaires ou des notions jugées sans surprise désormais apportent des nouveautés. L'article inédit sur la définition de l'empire reflète les évolutions épistémologiques et la nécessité de répondre au défi qu'elles lancent à une période où la construction européenne ne peut pas servir de comparaison.
« Belle Époque », « Trente glorieuses », « Années de plomb » : les noms de période ont servi aux historiens de « divisions imaginaires du temps ». Peut-on parler des « Dix décisives » pour la décennie 1869-1879, soulignant ainsi la continuité de l'influence libérale ?
Cent cinquante ans après l'effondrement du Second Empire, de l'écrasement de la Commune de Paris et de la lente et incertaine conquête de la République, la décennie 1869-1879 mérite d'être revisitée. Le temps est venu d'offrir une synthèse renouvelée, prolongée d'une réflexion mémorielle sur les ressorts de l'établissement de « la plus longue des Républiques ».
Quel est le moment décisif ? Sans doute celui durant lequel les choses se décident, où les acteurs sortent du provisoire, saisissent l'opportunité de l'instant de la décision. Les « Dix décisives » s'inscrivent en amont de l'installation durable de la Troisième République, enfin solidement aux mains des républicains : l'alliance politique et intellectuelle entre républicains modérés et libéraux orléanistes, préparée par une maturation et des échanges intellectuels, a servi de clé de voûte à la fondation durable de la République parlementaire en France.
Ce Manuel d'entraînement à la version espagnole classique s'inscrit dans le prolongement des manuels de thème espagnol et de version espagnole moderne publiés aux Presses Universitaires de Rennes en 2021. Il est le fruit d'une expérience de près de trente ans dans la pratique et l'enseignement de la traduction à l'université Rennes 2 et d'une longue participation aux jurys des concours de recrutement des professeurs de l'enseignement secondaire. Il propose une méthode de traduction en s'appuyant sur quatorze textes publiés entre 1492 et 1743, sélectionnés pour leur intérêt linguistique, culturel et esthétique. Basé sur l'examen attentif de plusieurs centaines de copies d'étudiants de la Licence et de l'Agrégation d'espagnol, ce manuel se veut en prise directe avec les difficultés effectivement rencontrées par les étudiants au moment de traduire et il explique comment il est possible de les résoudre en proposant une réflexion sur le vocabulaire, la grammaire, la syntaxe et la rhétorique. Afin d'éviter tout dogmatisme, les traductions proposées sont souvent accompagnées de variantes qui permettent de comprendre que parfois plusieurs traductions sont possibles, et que la subjectivité du traducteur peut être décisive au moment de choisir, dans le respect de la règle, de l'usage et de l'intention de l'auteur. En fin de volume, un glossaire des « faits de langue » permet de circuler dans le manuel en suivant une question grammaticale particulière et de comprendre pourquoi sa traduction peut varier en fonction de son emploi.
La presse, le débat public, les juges, les historiens et quelques sociologues recourent souvent aux témoignages, ces récits personnels relatant à la première personne des expériences qui sans eux seraient perdues. Pourtant, de façon surprenante, il n'existait pas de manuel dédié à la façon de conduire un appel à témoignages et de donner sens au matériau recueilli. Le présent ouvrage propose de combler cette lacune.
Il entreprend de définir ce que "témoigner" veut dire et ce que cela engage, et il fournit un aperçu des usages de cette méthode en histoire, en droit, dans la presse et en sociologie. Il dégage quelques principes généraux pour la conduite d'enquêtes fondées sur le recueil de témoignages écrits, que ce soit en matière de conception et de diffusion de l'appel ou de présentation des résultats. Ces "façons de faire" sont présentées à partir d'un cas concret, sensible et récent : une enquête sur les usages et les représentations des masques sanitaires durant la pandémie de Covid-19.
Plusieurs États européens affichent des valeurs nationales dans l'éducation scolaire : valeurs de la République en France, British values en Grande-Bretagne. Dans d'autres pays, la promotion scolaire de la nation véhicule une forte composante religieuse : c'est le cas de la Pologne ou de l'Irlande. Ces orientations sont régulièrement présentées comme compatibles avec le libéralisme politique, auquel les Européens sont censés être attachés. Mais dans quelle mesure est-ce réellement le cas ? En interrogeant les « valeurs républicaines », l'ouvrage rappelle d'abord que la laïcité (ou secularism) n'est pas une spécificité française. Pour autant, il n'est guère possible d'affirmer qu'il existerait une laïcité européenne : celle-ci demeure un idéal, en tant qu'élément du libéralisme politique dont le républicanisme n'est qu'une version.
Réunissant les réflexions de plusieurs historiens, historiens de l'art et littéraires, ce livre collectif interroge la pertinence opératoire de la notion de propagande à l'époque moderne quand l'opinion publique ne constitue pas encore un acteur politique avec lequel les gouvernants composent même s'il est de plus en plus présent dans leur horizon d'adresse.
Alors qu'en Europe occidentale la diffusion des procédés d'impression bouleverse les rapports des contemporains à l'écrit et à mesure que l'accès à l'information se généralise grâce à de nouveaux médiums (nouvelles à la main, périodiques, gravures ...), les puissants réalisent que la maîtrise de leur image et la promotion de leurs actions exigent toute leur attention. En un temps où les paysages médiatiques connaissent de profondes mutations et où les logiques partisanes s'affirment comme le corollaire d'une politisation accrue des individus, il apparaît essentiel d'analyser au plus près les ressorts employés par le(s) pouvoir(s) pour susciter l'adhésion.
À travers plusieurs études de cas, le volume propose donc une analyse des pratiques communicationnelles à l'½uvre dans la sphère politique entre les XVe et XVIIIe siècles. Parce que la banalisation du terme « propagande » en sciences humaines mérite de prendre du recul à l'égard d'un concept qui serait devenu « une clé générale de déchiffrement et d'explication » (O. Christin), cet ouvrage propose une réflexion nouvelle sur la fécondité heuristique de cette notion contemporaine.
Avec le soutien de Nantes Université et de l'UR 4289 - CHSSC de l'université Picardie Jules Verne.