Avec une nouvelle préface inédite de l'auteur.« Un prodige. » Le Monde des LivresIl y a 100 000 ans, la Terre était habitée par au moins six espèces différentes d'hominidés. Une seule a survécu. Nous, les Homo Sapiens.Comment notre espèce a-t-elle réussi à dominer la planète ? Pourquoi nos ancêtres ont-ils uni leurs forces pour créer villes et royaumes ? Comment en sommes-nous arrivés à créer les concepts de religion, de nation, de droits de l'homme ? À dépendre de l'argent, des livres et des lois ? À devenir esclaves de la bureaucratie, des horaires, de la consommation de masse ? Et à quoi ressemblera notre monde dans le millénaire à venir ?Véritable phénomène d'édition, traduit dans une trentaine de langues, Sapiens est un livre audacieux, érudit et provocateur. Professeur d'Histoire à l'Université hébraïque de Jérusalem, Yuval Noah Harari mêle l'Histoire à la Science pour remettre en cause tout ce que nous pensions savoir sur l'humanité : nos pensées, nos actes, notre héritage... et notre futur.« Pharaonique. » Télérama« Magistral. » Le JDD
Membre convaincu du parti nazi dès 1923, aveuglément soutenu par son épouse Charlotte, nazie tout aussi fervente, Otto von Wächter a rapidement intégré l'élite hitlérienne, devenant notamment, après l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale, gouverneur de Cracovie en Pologne, puis gouverneur du district de Galicie, dans l'ouest de l'Ukraine actuelle - deux territoires qui furent le théâtre de l'extermination des Juifs. En 1945, après la défaite du Reich, il parvient à fuir, se cache dans les Alpes autrichiennes avant de rejoindre Rome et le Vatican, qui abrite l'une des principales filières d'exfiltration des nazis vers l'Amérique du Sud. C'est là qu'il trouve la mort, en 1949, dans des circonstances pour le moins suspectes. Comment a-t-il pu se soustraire à la justice, de quelles complicités a-t-il bénéficié ? A-t-il été réduit au silence ?
Intrigues politico-religieuses, espionnage, traque et vie cachée d'un criminel, décès énigmatique, dévotion filiale et passion amoureuse, secrets d'alcôve et trahisons : faisant la lumière sur le parcours incroyable d'un haut dignitaire nazi en fuite, l'enquête méticuleuse de Philippe Sands dresse un tableau saisissant de l'échiquier politique à la fin de la Seconde Guerre mondiale et à l'aube de la guerre froide.
Ils s'appelaient Hermann Oestrich, Heinz Bringer, Otto Ambros, Rolf Engel... Ils étaient scientifiques et ils étaient allemands. Ils étaient aussi des nazis engagés, et pourtant la France leur a déroulé le tapis rouge. Certains seront même décorés de la Légion d'honneur pour services rendus à la France.Une histoire occultée? Certainement. Effacée? Peut-être. Oubliée? Il semblerait. Par un tour de passe-passe dont le roman national a le secret, l'opération de recrutement massif, dès 1944, de scientifiques nazis par le pouvoir gaulliste a été gommée de l'histoire officielle.Au terme d'une enquête qui va le mener jusqu'aux lieux où ont vécu et travaillé ces Allemands, mais aussi dans le dédale des archives de la République, au travers d'entretiens avec les rares témoins encore en vie, d'échanges avec des historiens et de la consultation d'archives audiovisuelles, Michel Tedoldi met au jour un pan méconnu et sidérant de notre histoire contemporaine. Réalisateur d'enquêtes sur des faits de société pour France Télévisions et Arte, Michel Tedoldi a également collaboré à Charlie Hebdo.
Une grande enquête plus que jamais nécessaire sur des dérives post-coloniales à l'oeuvre aujourd'hui encore. Page des librairesRetour à Lemberg et La Filière, deux enquêtes historiques couronnées de succès, ont imposé Philippe Sands comme l'écrivain de l'histoire des droits de l'homme. C'est en tant que représentant de l'île Maurice devant la Cour internationale de justice de La Haye qu'il lutte activement pour la reconnaissance d'une injustice criante, celle qui frappe l'archipel des Chagos, la « dernière colonie » britannique dans l'océan Indien. Dans les années 1960, la Grande-Bretagne sépare Diego Garcia et les cinquante-quatre autres îles des Chagos de la toute jeune République indépendante de Maurice. La raison secrète : offrir aux États-Unis une base militaire sur Diego Garcia, la plus grande île de l'archipel. Les Chagossiens qui y demeuraient depuis le XVIIIe siècle sont chassés brutalement de leur foyer et contraints à l'exil, au mépris des mesures internationales d'après-guerre en matière de décolonisation. Parmi eux, Liseby Élysé, une jeune mariée, enceinte de son premier enfant.Depuis cinquante ans, Liseby Élysé n'a eu de cesse de se battre pour pouvoir retourner sur son île natale. C'est ce combat que Philippe Sands retrace, en mettant en lumière les horreurs persistantes de l'impérialisme britannique, les crimes racistes dont Mme Élysé et ses compatriotes chagossiens ont été les victimes, et le long cheminement du droit international moderne pour que soit reconnu et jugé ce crime contre l'humanité.
Noirs et Juifs sont dans la culture occidentale, les deux minorités marginalisées, stigmatisées, voire confondues, les deux figures de l'autre par excellence. Ils ont entretenu depuis l'Antiquité des relations complexes, entre identification, coopération et rivalité. C'est cette histoire sur la longue durée que nous fait découvrir Edith Bruder, depuis les premières figures d'Africains de la Bible hébraïque jusqu'aux revendications contemporaines lorsque le mouvement Black Lives Matter affirme son soutien à la « résistance palestinienne ».Ce parcours historique qui s'étend sur plus de 2000 ans n'élude aucune des questions religieuses, sociales et politiques qui, ont pu provoquer la confrontation des Noirs et des Juifs, Il n'ignore pas non plus les moments lumineux de ces interactions et nous en fait découvrir les aspects méconnus aux Amériques, en Afrique ainsi qu'en France. À l'heure où les questions de racisme, de crispations identitaires, de concurrence mémorielle, et d'antisémitisme de la part d'autres minorités sont au coeur des tensions politiques, cet ouvrage entend faire le point de manière historienne sur les aspects composites de cette relation en l'inscrivant dans la longue durée.Edith Bruder, chercheuse au CNRS, à la School of Oriental and African Studies de Londres, et à l' UNISA (Université d'Afrique du sud ), est spécialiste des communautés juives émergentes d'Afrique Noire, auxquelles elle a consacré un livre, Black Jews (Albin Michel, 2014). Elle a également dirigé le collectif Juifs d'ailleurs. Diasporas oubliées, identités singulières (Albin Michel, 2020) et publié d'autres ouvrages aux Etats-Unis et en Grande Bretagne.
Jusqu'à ce qu'elle survienne, la guerre criminelle que Vladimir Poutine a déclenchée contre l'Ukraine nous paraissait impensable. Elle nous oblige à prendre la mesure des oublis ou des dénis qui nous ont tant aveuglés. Et ils sont nombreux. Ils relèvent de l'histoire méconnue de la grande Europe dont les lignes de fracture enfouies mais toujours actives convergent autour de Kiev. Une histoire de plus de mille ans, déterminée avant tout, nous explique Jean-François Colosimo, par les cultures religieuses : les trois monothéismes et les trois confessions du christianisme n'ont cessé de se rencontrer et de se confronter en Ukraine, cette terre frontalière tour à tour écartelée entre le choc des empires, la déflagration des totalitarismes et le réveil des nations.Décrypter cette longue série de controverses, de conflits et de croisades mêlant les ambitions politiques des princes, les disputes théologiques des papes et des patriarches, les soulèvements spirituels des prophètes, tel est l'objet de cet essai. Une fresque impressionnante et une analyse brillante qui nous font comprendre que, pour le plus grand malheur des peuples, le temps des guerres de religions n'est pas fini.Essayiste, documentariste et éditeur, Jean-François Colosimo poursuit une vaste enquête sur le retour du religieux en politique. Dont, récemment, Turquie, nation impossible (Arte, 2019) et Le sabre et le turban (Cerf, 2020). Il est également l'auteur de L'Apocalypse russe (Fayard 2008, Lexio-poche 2021).
Le réchauffement climatique et la transition écologique ont placé la notion de « ressources » au centre de nos préoccupations. Or son histoire, plus ancienne qu'il n'y paraît, est une problématique majeure de la construction des sociétés. Dès le Moyen Âge, les Européens eurent le souci de nourrir les affamés, vêtir les indigents, loger les sans-abris, autant de besoins concrets auxquels tâchèrent de répondre l'Église et les pouvoirs politiques, en s'efforçant de construire un mode de vie durable. Explorant les liens tissés au coeur de la grande croissance médiévale entre besoin et développement, sobriété et consommation, Mathieu Arnoux souligne à la fois les réussites et les impasses d'un système économique construit presque exclusivement sur l'exploitation de ressources renouvelables, au risque de mettre en crise le régime féodal ; ce dont témoignent aussi bien une célèbre oeuvre de fiction, le Roman de Renart, que les statuts de grandes communautés monastiques, comme l'ordre de Cîteaux. À l'heure où l'épuisement des ressources pose la question de la survie des modes contemporains de développement et d'existence, nous pouvons tirer profit des leçons, étonnamment modernes et ingénieuses, du Moyen Âge chrétien.
Dans la Grèce antique, l'avocat s'appelait le logographe et avait la particularité d'être un homme érudit mais qui devait rester caché... et muet.
Au fil des siècles, la défense a élargi son rôle jusqu'à protéger les droits de chaque citoyen quelle que soit sa position sociale.
On l'ignore en général, mais ils sont souvent devenus des acteurs cachés de l'Histoire.
Du procès de Nicolas Fouquet à l'affaire Dreyfus, du collier de la Reine à l'affaire Callas, de la condamnation de Maurice Papon au combat de Gisèle Halimi en faveur de l'avortement, leurs plaidoiries transforment des faits divers en affaires d'État.
Leur arme ? Les subtilités du droit, inaccessibles au commun des mortels, auxquelles il faut ajouter une dose d'exagération - ou de mauvaise foi, ou d'éloquence ! - inhérente aux meilleurs ténors du barreau.
Leur propre histoire, celle de ses grands noms et de leurs multiples causes, qui débute sous l'Antiquité et se prolonge dans la société médiatique moderne, a façonné la France.
Elle méritait d'être enfin racontée.
S'il est impossible d'évoquer l'humanisme, les splendeurs et les révolutions du Quattrocento sans aussitôt penser à Pétrarque, à Dante et à Boccace, il est un autre homme dont le nom, moins souvent évoqué, mérite pourtant lui aussi de figurer parmi ces illustres acteurs de la Renaissance italienne. Cet homme, c'est Leon Battista Alberti. Qui était-il? Un architecte? Un homme de lettres? Un philosophe? Un mathématicien? Un artiste? Véritable magicien capable d'exercer tous les métiers et de montrer tous les visages, Alberti échappe aux tentatives de définition. De cet homme universel on ignore tout, ou presque. Dans cet ouvrage, Yann Kerlau offre le portrait kaléidoscopique d'un humaniste fascinant et de son oeuvre intemporelle. «Quand les premiers livres d'Alberti arrivèrent chez moi, j'eus l'impression d'entrer dans un labyrinthe. Des milliers de pages où l'invention de la perspective, la raison ou la folie, la religion et sa finalité, la danse subtile des chiffres et de l'algèbre, le mariage ou le désir sont dépecés pour livrer toute leur complexité. La profondeur de son oeuvre est un défi lancé au monde pour que l'humanisme, au fil du temps, incarne la seule voie à suivre: celle du savoir qui n'est pas derrière nous, mais devant.»Yann Kerlau est l'auteur, aux éditions Albin Michel, de L'Insoumise (2017), roman historique mettant en scène la reine Jeanne de Castille, et d'une biographie consacrée à une figure phare de l'univers de la mode, Pierre Bergé sous toutes les coutures (2018).
Arrachés violemment à leur terre et à leurs proches, ils furent des millions à se retrouver enchaînés, entassés comme des bêtes dans des bateaux, contraints à traverser à pied forêts ou déserts dans des conditions tellement inhumaines que presque la moitié d'entre eux en mouraient. Ce crime effroyable, qui a dévasté l'Afrique subsaharienne, a pris de nombreux visages au cours des siècles. Car ses exécuteurs et ses commanditaires sont issus de tous les horizons : de l'Afrique elle-même avec la traite interne, des différentes terres musulmanes avec les traites orientales, de l'Europe avec la traite atlantique.
Pour comprendre l'ampleur et la complexité historique de l'esclavage des Noirs, il faut donc en faire la géographie, qui passe par les routes des différentes traites. C'est cette synthèse que Catherine Coquery-Vidrovitch nous présente ici avec rigueur et pédagogie, loin de toute polémique. Elle s'appuie sur son savoir immense d'historienne de l'Afrique, mais aussi sur le riche matériau réuni dans une série de quatre films intitulée Les Routes de l'esclavage, diffusée par la chaîne ARTE, dont elle a été la conseillère historique, et où interviennent les meilleurs spécialistes issus de nombreux pays.
Un ouvrage aussi passionnant que terrible, qui révèle les rouages d'un système criminel sur lequel s'est construit en grande partie notre monde actuel.
Quatre princes de haut vol, comme dit l'historiographe Chastellain, se sont succédé : Philippe le Hardi, politique d'une incomparable souplesse, en même temps que mécène généreux et animateur éclairé de tous les arts ; Jean sans Peur, à l'ambition qui va au besoin jusqu'au crime et dont l'astuce sans cesse en éveil se complaît dans les plus déconcertantes équivoques ; Philippe le Bon, dont la prestance et la sensualité couvrent une hautaine nonchalance en même temps qu'une bravoure de preux et qui, d'ascension en ascension, se voit un moment à la veille d'être roi ; Charles le Téméraire, enfin, qui rêve non seulement de royauté, mais d'empire, et qui, rude joueur, en face de Louis XI, semble un instant à la veille de constituer contre lui un vaste Etat bourguignon, cet ensemble dont les Pays-Bas modernes n'ont été qu'un fragment détaché et dont les frontières largement distendues allaient du Zuyderzee au Jura et du Morvan au Rhin.
A travers des péripéties multiples, animées, variées et parfois dramatiques, les quatre ducs travaillent, chacun selon son tempérament, à dominer la France en tant que princes français, à ériger un Etat indépendant en tant que princes cosmopolites : un Etat innommé, une Lotharingie ou une grande Bourgogne, un grand duché d'Occident, disent certains contemporains. La virtualité de cet Etat européen, qui eût réduit la France royale à n'être qu'une petite puissance, suivant le mot de Leopold von Ranke, n'a fait que traverser en éclair le champ de vision de l'histoire ; mais il est resté dans la mémoire des hommes le souvenir d'une vie de cour magnifique, d'une littérature active, surtout d'un art d'un prodigieux éclat qui restera la gloire la plus pure des quatre règnes ducaux.
11 novembre 1918 et 22 juin 1940, le wagon de Rethondes est le lieu emblématique où sont signés deux armistices, le premier couronnant une glorieuse victoire française, le second sanctionnant une humiliante débâcle. Comment, si peu de temps après avoir triomphé, la France a-t-elle pu connaître la plus écrasante défaite de son histoire ? Au bout de quatre années meurtrières, l'armistice de 1918 fait de Paris la capitale d'une Conférence de la Paix que l'on voulait grandiose, mais qui contient en réalité les prémices d'un nouvel ordre géopolitique fait d'instabilités : ni la disparition des empires vaincus, ni la nouvelle carte du monde dessinée à la fin de la Première Guerre mondiale, ni la création de la Société des Nations n'empêcheront les régimes fascistes et nazis, portés par un désir de revanche, d'arriver au pouvoir dans une Italie lésée et une Allemagne humiliée. Un deuxième conflit mondial est alors inévitable. Analysant les différents aspects économiques, politiques, militaires et humains de la période trouble de l'entre-deux-guerres, Alain du Beaudiez s'emploie à expliciter les causes de l'improbable retournement de situation qui eut lieu à Rethondes.Ancien officier pilote de l'Armée de l'Air, Alain du Beaudiez est l'auteur, aux Éditions Temporis, de La Grande Guerre. Autopsie d'un séisme. 1870-1935 (2018).
1933. Tandis qu'Hitler prend le pouvoir en Allemagne, le régime stalinien décide de vaincre les dernières formes de résistance paysanne à la collectivisation des terres. Dans cette lutte sans merci, Staline ordonne la déportation des koulaks - les paysans prétendument riches -, la réquisition systématique des récoltes et des biens, et fait établir des listes noires de villages à affamer, avec interdiction de quitter le territoire. L'Ukraine, le grenier à blé de l'Union soviétique, est le théâtre principal d'une famine qui, en quelques mois, fera quatre millions de victimes.
Largement occultée jusqu'à la période de la glasnost, la famine en Ukraine constitue un événement central de l'histoire de l'URSS. À partir de récits souvent insoutenables de survivants, Georges Sokoloff rappelle l'inexorable développement de cette guerre contre les paysans, qu'il considère comme un véritable choix politique. Après avoir retracé les conditions de déroulement de la famine et le processus d'escalade de la terreur, il nous livre une analyse inédite, essentielle à la compréhension du phénomène totalitaire du XXe siècle.
Au moment où le site prestigieux de Palmyre, classé au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO, est en train d'être saccagé, quel meilleur guide que Paul Veyne pour parcourir les vestiges d'une si vaste cité, aujourd'hui interdite ?
Antique métropole florissante, située en plein désert au centre de la Syrie, au nord-est de Damas, Palmyre est l'ancienne Tadmor qui, selon la Bible, aurait été construite par Salomon. Cette importante cité caravanière, fut la plus grande puissance commerciale du Proche-Orient entre le Ier et le IIIe siècle, véritable plaque tournante des échanges entre l'Orient et l'Occident, entre l'Inde, la Chine, la Mésopotamie, la Perse et Rome.
Au Ier siècle de notre ère, sous Tibère, elle a le statut de province romaine. Elle atteint son apogée sous l'empereur Hadrien au IIe siècle.
Après 260, Zénobie, la veuve d'Odénat, un notable palmyrénien chargé de coordonner la défense de l'Orient, tenta de prendre le pouvoir et entra en conflit avec Rome. Elle est vaincue en 272 par l'empereur Aurélien. C'est la fin de la splendeur de Palmyre.
Les grandioses monuments, savant mariage d'architecture gréco-romaine et d'influences locales, s'étirent sur plusieurs kilomètres et sont (étaient) parmi les plus importants du monde antique.
C'est cette histoire de la « Venise du désert » que nous peint Paul Veyne ; avec lui, nous découvrons cet immense vestige d'un monde aboli.
Contrairement à une croyance largement partagée, la présence d'Africains en Europe n'est pas récente : elle remonte à l'Antiquité, lorsque l'Égyptien saint Maurice, dont nombre de gravures et oeuvres d'art ont fait un homme blanc, a pris la tête de la légion thébaine à Rome. Depuis lors, les échanges entre ceux que l'on désignait comme les « Africains » et les « Européens » ont été riches et variés, dessinant une histoire certes brutale mais que l'on ne peut réduire à l'esclavage et à la colonisation. Première femme noire titulaire d'une chaire d'histoire en Grande-Bretagne, Olivette Otele, qui enseigne l'histoire coloniale à l'université de Bristol, retrace les étapes de cette relation de Septime Sévère aux migrants d'aujourd'hui en passant par la Renaissance et la période moderne. Décryptant la fabrique des préjugés depuis plus de deux mille ans, évoquant au passage Alexandre de Médicis et Dumas, Pouchkine et Battling Siki, ce large tour d'horizon apporte un éclairage inédit sur les questions de discrimination, de racisme et d'identité. Finaliste du George Orwell Prize for Political Writing, Une histoire des noirs d'Europe a été élu Meilleur Livre de l'année 2020 par le Guardian et History Today.«Un texte tout à la fois rigoureux, dynamique et accessible, qui tisse différents fils pour raconter une seule et même histoire telle qu'on ne l'a jamais lue. » Kirkus Review
Voici des textes inédits d'Alexandra David Neel, retrouvés par Marie-Madeleine Peyronnet et Marc de Smedt dans sa maison de Digne où elle termina ses jours en 1969. Ce recueil est d'autant plus intéressant qu'il couvre tout le champ de son existence aventureuse, de la Belgique à la Tunisie, de la Corée au Japon, du Sikkim à l'Indochine, de l'Inde au Tibet. Toute sa philosophie se trouve exposée ici, ainsi que sa réflexion spirituelle alimentée par la rencontre de grands maîtres et ermites en Orient et par les textes sacrés qu'elle traduisait ellemême.
A la suite de ces vingt-deux écrits essentiels, on lira le vibrant hommage posthume qu'adressa l'actuel Dalaï-Lama en 1982 à cette grande dame de l'esprit.
« Pareil à l´éclair, je flambe au moindre feu que je rencontre », lit-on dans un sonnet adressé par Michel-Ange (1475-1564) à Tommaso Cavalieri. Ailleurs encore : « La substance de ma vie est ce qui me brûle et me consume, et en moi ce dont je vis est ce dont les autres périssent. » Ce feu intérieur, lorsque Michel-Ange taille la pierre ou peint, habite les corps : feu du dynamisme de l´action, feu de la passion, feu spirituel de la foi chrétienne forgée dans l´ascèse savonarolienne puis éclairée par les doctrines des « illuminés » du cercle des amis de Vittoria Colonna. Comme tous les grands Toscans alternativement ou même simultanément violents et tendres, comme Dante, Michel-Ange contient dans son être le plus secret cette braise du feu sacré qui, des grands sensuels aux grands mystiques, est feu d´amour.
Cette figure du génial titan, qu´il a souhaité apparenter à l´Empédocle de Hölderlin, Marcel Brion l´a fait revivre dans ce livre passionné - et passionnant.
Qui était vraiment Karl Lagerfeld ?- Un grand couturier - Un adorateur de la féminité - Un patron hyperactifMais il était plus que ça :- Un homme du monde - Un manipulateur de haut vol - Un extraordinaire séducteur un rien pervers - Un seigneur à l'allure très Grand Siècle - Un provocateur impénitent - Un amoureux transi dans la vie - Une icône mondialeRaphaëlle Bacqué va au-delà de la légende dans ce livre exceptionnel qui dresse le portrait féroce d'un monstre sacré, tenant à la fois du grand document nourri de révélations et de la fresque littéraire d'actualité.
Tout a commencé par une question posée par Simone Veil à Jacques Semelin en 2008: «Comment se fait-il que tant de Juifs ont pu survivre en France malgré le gouvernement de Vichy et les nazis ?» Un vrai défi pour cet historien spécialiste des crimes de masse et de la Shoah.Si Serge Klarsfeld a établi que trois quarts des Juifs en France ont échappé à la mort (chiffre exceptionnel en Europe), ce n'est en effet pas l'action des quelque 4 000 Justes français qui peut à elle seule l'expliquer. Et ce n'est pas davantage (comme certains le soutiennent à nouveau aujourd'hui) une imaginaire mansuétude de Vichy, dont l'implication criminelle n'est plus à démontrer. Il y avait donc bien une « énigme française» sur laquelle l'historiographie était encore très pauvre.D'une plume alerte, en collaboration avec Laurent Larcher, journaliste à La Croix, l'historien nous raconte son enquête passionnante dans la mémoire des Juifs non déportés, son analyse des circonstances de l'époque, ses rencontres avec Robert Paxton, Robert Badinter, Pierre Nora, Serge Klarsfeld... C'est une tout une autre histoire des Français sous l'Occupation qui est ici mise au jour et confrontée au régime mémoriel institué par le discours de Jacques Chirac le 16 juillet 1995 - sans que jamais la Collaboration ni le sort tragique des victimes ne soient oubliés.
L'Histoire de l'ignorance est une question essentielle. Pendant des millénaires, nous, les humains, ne savions presque rien de la terre. Nous nous référions surtout à nos territoires, à nos paysages, à nos villages. Sur les cartes on pouvait lire par endroit : Terra Incognita. Ce livre raconte les incroyables auxquelles erreurs qu'il a fallu se heurter pour découvrir les secrets de notre planète bleue.
Des erreurs parfois brillantes, souvent étranges, mais toujours fascinantes. A l'aube du XIXe siècle, la météorologie était pleine d'inconnues. En 1840, les fonds marins étaient totalement mystérieux. En 1870, la majorité des savants pensaient qu'une mer recouvrait les pôles. En 1900, nul n'avait atteint la stratosphère... L'ignorance a stimulé l'imaginaire de nos ancêtres. Le livre d'Alain Corbin réveille notre soif de savoir, et change notre regard sur le monde.
Longtemps perçu comme le royaume inatteignable des moines bouddhistes, berceau d'une culture résolument pacifique, le Tibet demeure une terre interdite, occupée et gérée d'une main de fer par la Chine depuis les années 1950. Barbara Demick, ancienne correspondante du Los Angeles Times à Séoul puis à Pékin, a pu s'y rendre à plusieurs reprises, bravant l'interdiction faite aux journalistes. C'est à Ngaba, ville de la province du Sichuan, perché à plus de 3000 mètres d'altitude, qu'elle a rencontré des Tibétains : un jeune nomade qui se radicalise dans un monastère ; une lycéenne sommée de choisir entre sa famille et une bourse chinoise ; un poète et intellectuel prêt à tout pour faire entendre la voix de la résistance ; une princesse dont la famille a été décimée durant la Révolution culturelle, exilée à Dharamsala, comme le Dalaï Lama que Barbara Demick a également rencontré.Comment protéger sa culture, sa langue et sa spiritualité des ravages d'une superpuissance que rien ne semble pouvoir arrêter ? Après Rien à envier au reste du monde, sur la Corée du Nord, Barbara Demick livre un portrait saisissant et terriblement humain d'un peuple déchiré entre la résistance et la soumission, la non-violence et les armes. « Il est tout simplement impossible de comprendre la Chine sans lire Barbara Demick. » Evan Osnos, auteur de Chine, l'âge des possibles« Une oeuvre nourrie par un extraordinaire travail de terrain, et qui nous ouvre les yeux. » The New York Times.
Le rapport Stora : les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie.En juillet 2020, Emmanuel Macron commandait à Benjamin Stora un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, ainsi que sur les moyens de favoriser une réconciliation entre la France et l'Algérie. L'historien s'est attelé à la tâche non seulement à partir de l'immense historiographie existante, à laquelle il a lui-même grandement contribué, mais aussi en rencontrant des dizaines d'interlocuteurs de tous bords. Pour tenter de rendre compte de cet archipel de mémoires aujourd'hui communautarisées, il ne fallait en effet écarter aucune catégorie d'acteurs : des combattants indépendantistes aux « pieds-noirs », des soldats français aux « harkis », des juifs aux Européens « libéraux », communistes ou partisans de l'Algérie française...Cette enquête mémorielle est suivie d'un certain nombre de propositions audacieuses, qui touchent aussi bien à la symbolique qu'à l'accès aux archives historiques, afin de reconnaitre afin de mieux connaitre et reconnaitre ces « passions douloureuses ».Benjamin Stora a publié de très nombreux ouvrages sur la colonisation, la guerre d'Algérie, l'immigration maghrébine, dont plusieurs ont été rassemblés récemment dans la collection Bouquins (Une mémoire algérienne, 2020). Chez Albin Michel, il a co-dirigé avec Abdelwahab Meddeb en 2013 l'encyclopédie Histoire des relations entre juifs et musulmans, et publié avec Alexis Jenni en 2016 Les mémoires dangereuses.
« Rien à envier au reste du monde. » Telle est la devise de la Corée du Nord, qui compte parmi les régimes les plus répressifs de la planète. Un monde orwellien où l'accès à Internet et au téléphone reste interdit pour la plupart des habitants, où les gestes d'affection en public sont punis et les délations récompensées. Mais face à cette tragédie humaine marquée par l'arbitraire, la propagande et les famines à répétition, les puissances occidentales ont tendance à détourner le regard.
Barbara Demick a été la première à nous plonger au coeur de ce pays que la folie de ses dirigeants maintient tragiquement dans le chaos. Pour ce faire, elle a suivi quinze années durant le destin de six transfuges ayant fui leur patrie au péril de leur vie, et nous raconte leur combat pour la survie et la liberté à travers un ouvrage exceptionnel, couronné par le Samuel Johnson Prize et finaliste du National Book Award, aujourd'hui enrichi d'un épilogue inédit.
Traduite en plus de vingt langues et maintes fois primée dans le domaine des droits de l'homme, Barbara Demick a longtemps dirigé le bureau du Los Angeles Times à Pékin. Son dernier ouvrage est consacré à la façon impitoyable dont la Chine tente d'éradiquer la culture tibétaine.